Call of Juarez : Bound in Blood (PS3)
Par Pierre Compignie le jeudi 9 septembre 2021, 17:44 - Archives
Ce jeu est un échec. Il témoigne de la fainéantise des développeurs de cette génération en offrant (cadeau empoisonné) un pot-pourri des pires tares du jeu d'action contemporain.
Le flou. Si vous aussi vous en avez ras-le-bol que la quantité de flou dans vos jeux soit proportionnelle au prix de la console, alors Call of Juarez saura vous faire pleurer. Là c'est pire que jamais: flou quand on est blessé, flou quand on vise autour du réticule, flou dans les cinématiques (impossible d'afficher deux personnages nets, c'est du délire), flou dans l'arrière-plan... Prévoyez une visite chez l'oculiste après le trophée platine. Ça valait le coup de sortir des consoles capables d'afficher de la HD si c'est pour retomber en deça de la gén' précédente en terme de propreté d'image. Et bizarrement, il y a des jeux comme ça qui s'en sortent très bien en affichant une image toujours nette (au hasard MGS4).
Le gameplay vu et revu jusqu'à l'overdose. L1 pour zoomer, R1 pour tirer, c'est tout ce que vous avez besoin de faire. Tu shootes et tu te tais. Pas d'infiltration, pas de plate-forme, pas d'énigme, pas d'exploration, le jeu est une grosse ligne droite. Quand on compare un jeu comme ça avec un Half Life 2 ça fait tâche. L'argument "c'est un FPS" ne tient pas.
D'ailleurs, un point sur les décors. Ils sont très jolis mais absolument pas pensé en terme de game design, c'est-à-dire que la progression à travers eux est tout sauf intuitive. Un problème qui n'a pas dû trouvé place un seul instant dans le cerveau des concepteurs, tout occupés qu'ils étaient à coder une étoile de shériff jaune indiquant en permanence le prochain objectif. Malins chez Techland (en Pologne).
Le système de couverture indispensable depuis Gears of Wars, qui lui-même avait piqué l'idée à Kill.switch, est assez inefficace. Le système de régénération automatique. Est-il vraiment besoin d'argumenter dans son cas? Cette infamie ronge l'immersion des jeux d'action depuis Halo: plus de barre de vie à gérer. Vous pouvez jouer comme un manche, un passage derrière une table pansera vos blessures quasi-instantanément. Ça couplé à des points de passage toujours plus proche c'est la recette d'un jeu mouchoir, on y entre aussi vite qu'on en sort et on a le plaisir qu'on mérite. Pas bien intense. Voire frustrant.
Les deux héros sont deux cow-boys violents qui semblent se donner du mal pour éradiquer tous prémices d'empathie qu'on pourrait développer à leur égard. Ils tuent des dizaines de soldats, villageois, mexicains, bandits, indiens et affronteront en duel une demi-douzaine de boss plus inutiles les uns que les autres. Un vrai génocide.
De plus les dialogues sont grossiers. La seule chose à sauver du trip western reste la représentation de décors censés être "cultes" dans l'imagerie collective. Mais la progression incroyablement linéaire, leur exploration nulle qui en découle et l'inconfort visuel expliqué au-dessus fait de l'expérience un bon gros ratage.
Sur la fin les personnages sont un poil plus intéressants, l'histoire prend plus de place du coup on en sort moins ennuyé qu'on ne l'a été les 5 heures précédentes. C'est toujours ça de pris. Et le online est marrant.
Verdict = dispensable