Echo Night : Beyond (PS2)

Critique publiée originellement le 26 septembre 2007.

Richard se réveille dans sa combinaison spatiale. Il regarde autour de lui, cherche sa fiancé ; en vain. Il est seul.

Richard était en voyage de noces à bord d’une navette spatiale qui vient de s’écraser sur le sol lunaire, à proximité d’un grand complexe mis en place pour l’extraction de minerais.

Péniblement, Richard se lève et part à la recherche de sa fiancé.

Dès les premières minutes, le joueur est placé dans la peau du personnage principal. Pas de cinématique (sauf pour l’intro du jeu), quelques lignes d’un monologue intérieur nous expliquant brièvement la situation, et l’affichage sur l’écran de ce que voit Richard. Devant lui, une phrase écrite en rouge à lèvres sur le siège de devant l’invite à explorer la station pour retrouver Claudia, sa chère et tendre. Sa vision est limitée par son casque de cosmonaute, tandis que les premiers déplacement se font lents et feutrés. Autour de nous, le silence. A l’intérieur de la navette écrasée, le joueur trouve rapidement une issue et se retrouve très vite nez à nez... avec un fantôme, qui lui barre l’accès.

L’esprit n’est pas vindicatif, et nous fait part de ses tourments. On devine que la bouteille de whisky ramassée au préalable, posée sur un siège, suffira à lui apporter réconfort.

Pourtant, tous ne seront pas aussi faciles à combler. En effet, cet esprit est le premier d’une longue série de fantômes, possédant chacun une histoire et des tourments irréparables. Pour avancer, le joueur sera obligé de leur venir en aide, de les écouter, de comprendre leur soucis et lever le voile sur leur passé. Chaque esprit s’est vu emporter par la mort, avant de pouvoir régler ses conflits intérieurs. Certains ont le sentiment d’avoir commis un acte irréparable à l’encontre d’un proche, quand d’autres vouent une rancoeur éternelle à celui ou celle qui les a trahis, ou trompés ou déçus pendant des années.

Ce qui au début n’est qu’un passage obligé pour avancer devient rapidement une habitude. Le joueur évolue en une sorte de Jarod lunaire, un humaniste qui va tendre la main aux âmes perdues et écouter leur histoire, afin de trouver un moyen de leur faire atteindre la sérénité. La partie ludique du jeu se situe dans cette phase, chaque rencontre avec un esprit étant en fait une énigme à résoudre dans l’espoir de lui faire trouver la paix.

Mais le "jeu" dans Echo Night ne s’arrête pas, et ne cesse de surprendre du début à la fin. Ainsi, le programme proposera des phases de poursuite haletantes avec des esprits en colère (des fuites pour rester en vie), et même de succintes épreuves de plate-forme sur le sol lunaire ! Voilà ce que j’aime dans le jeu vidéo : on profite et découvre d’un contenu artistique, tout en étant pris par le main et diverti par différentes phases ludiques. Le jeu vidéo constitue ainsi selon moi un media artistique qui peut briller par son accessibilité.

Echo Night nous place dans la peau d’un personnage dont on finit par prendre l’identité, au bout du compte. Le processus, souvent usité dans les productions japonaises, est ici une réussite. Les découvertes de Richard sont les notres, il ne parle pas, son nom n’est presque pas défini et on ne le voit que très rarement à l’écran (puisqu’on joue en vue subjective). Richard s’efface progressivement durant l’aventure pour laisser place à l’âme du joueur. L’ambiance d’Echo Night est sourde et tragique. Les rares musiques que l’on peut entendre dans le jeu sont empreintes d’une grande mélancolie, et le scénario réserve son lot de surprises à la fin du jeu, qui jouent avec beaucoup d’audace avec l’identification du joueur au personnage principal, jusqu’à le faire mettre en doute sa propre identité.

Les thèmes traités sont là : la cupidité, l’égocentrisme, comment de grands projets peuvent nous couper du reste du monde, l’incommunicabilité, le regret... Alors que je ne m’y attendais pas, une certaine maturité surgit lors de certaines rencontres clés, et on assiste à des problèmes sociaux ou comportementales qui résonnent beaucoup dans notre vie de tous les jours. Enfin, graphiquement le jeu offre une illustration convaincante et cohérente de cette station spatiale remplie d’un brouillard fantômatique, sur lequel le joueur doit enquêter également...

Voilà un jeu que je vous recommande. Je l’ai fini il y a quelques semaines (sur PS2) et son ambiance, son histoire et son originalité m’ont plus que convaincu. Je poste un lien youtube vers l’intro du jeu, pour que vous puissiez vous faire une idée de l’atmosphère du soft.

http://fr.youtube.com/watch?v=jB9dLLGOp9A

Et je suis quand même fier de vous parler d’une manière si positive d’un jeu développé avec peu de moyens, fort d’un puissant projet artistique et innovant. Echo Night fait partie de ces petits jeux qui rendent si riches la ludothèque de la Playstation 2 (et qui accessoirement me font avoir confiance en la marque Sony pour la next gen, mais ceci est une autres histoire :)

Verdict = vaut le coup !

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