Operation Winback (PS2)

Jean-Luc Cougar fait partie d’une équipe de flics d’élite, le S.C.A.T. Cette dream team est chargée de reprendre des mains de terroristes indépendantistes de la Sarcozie, les Lions Hurlants, le centre de contrôle d’un satellite militaire surpuissant, capable de raser des villes avec un laser.

Winback est un jeu d'action aux dialogues niais et aux doublages hilarants, aux niveaux remplis de caisses en bois de la taille du perso accroupi, aux environnements répétitifs et à la limite de l'abstraction… Et malgré cela j'adore ce jeu. Parce que le système de jeu, comment on contrôle le personnage, comment les ennemis se comportent et comment on se démerde avec tout ça pour tuer tout le monde, est absolument jouissif. Quand on commence à jouer on se dit que Jean-Luc le héros, est un gros lourd rigide, raide, pas maniable, etc. Quand on finit par maîtriser le système, on se dit qu'on pue la classe. On ramasse un silencieux uniquement pour avoir la classe de buter sept mecs avec une balle dans la tête en faisant juste « piou-piou ». On court autour d'un groupe de trois ennemis qui nous canarde, on s'arrête pour mettre une bastos dans la tête du premier, on s'agenouille pour éviter de justesse la rafale des deux autres, on met une bastos dans la tête du deuxième, une roulade in extremis nous sauve d'une rafale du troisième, qu'on finish d'une troisième bastos dans la tête en se relevant après la roulade. Tout ça sans se faire toucher une seule fois et avec un simple 9mm. Quel autre jeu d'action militaire a mis au point un système si puissant qu'il permet à un joueur de faire preuve de tellement de classe et de talent qu'il peut finir un niveau sans se faire toucher ?

Les animations et surtout les poses de Jean-Luc sont du style «law enforcer dantag'» ; les retours visuels d'impact sur les ennemis sont d'une clarté et d'une efficacité ludique à toute épreuve ; le fusil à pompe fait le ménage et le pistolet mitrailleur permet de se la jouer commando d'intervention. Le jeu parvient à faire de chaque tir tête réussi une jouissance, puisqu'il faut exercer pile poil la bonne inclinaison sur le stick pour monter le laser de visée depuis la poitrine de l'ennemi jusque pile dans sa face ; un travail de dosage jamais simple (on doit être précis et rapide) mais qui devient de plus en plus intuitif au fur et à mesure qu'on joue. De fait on a réellement l'impression de devenir bon à quelque chose de dur.

Chaque face-à-face est tendu : je prends le risque de viser la tête et de me louper et de me faire tirer dessus ou je tire plusieurs fois dans la poitrine quitte à ce que ça prenne du temps et me rende vulnérable à d'autres ennemis ?

Par ailleurs les points de contrôle sont parfois très espacés et Jean-Luc ne se régénère pas tout seul… On est donc bien souvent méga-tendus car la portion de niveau est longue et si on meurt on la recommence depuis le début ! Sur la fin j'ai vraiment transpiré sur ma manette : le jeu est dur, même en niveau de difficulté « normal ».

On doit maintenir la touche L1 pour s'accroupir ; bonne idée car dans la vie avancer accroupi réclame un effort constant, ce n'est pas une position de repos, surtout si l'on doit être en mesure de se relever instantanément.

Les projectiles mettent plus ou moins de temps à atteindre leur cible en fonction de la distance, et toutes les balles sont bel et bien visibles !

Jean-Luc ne peut tirer en mouvement. Winback est un jeu de shoot « posé », où chaque affrontement est un peu un duel de western. Dans la série Au nom de la loi, Josh Randall s'en sortait parfois en roulant pour esquiver un tir et ensuite contre-attaquer : tout pareil dans Winback ! Le personnage a un poids et une inertie « humaines » : quel plaisir !

Les ennemis ont des limitations qui sont pour moi des idées de génie de game design : ils nous visent avec un très léger temps de retard. En courant autour d'eux ils ne nous atteindront jamais. Si on est debout ils visent notre torse, ce qui nous permet d'éviter une salve en nous baissant. Et pour nous aussi, le verrouillage de la visée automatique ne permet pas d'atteindre un ennemi en mouvement. Ce système permet tout simplement au jeu d'être Juste.

Le jeu propose trois fins différentes en fonction du temps que l'on met à atteindre deux de ses trente niveaux. J'ai eu la pire fin. Celle où le grand méchant se suicide devant nous et où la fameuse arme satellite a déjà été utilisée deux fois par les terroristes et est de fait devenue inutilisable. Dans ta gueule, Jean-Luc. J'ai bien aimé cette fin qui met un point final cruel à l'aventure, prend totalement à contre-pied la niaiserie des dialogues et in fine souligne le caractère complètement vain de toute l'entreprise. De quoi, en tant que joueur, éteindre la console amer, lucide et sans regret.

Verdict = énormissime

 

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