Shellshock 2 (PC)
Par Pierre Compignie le jeudi 9 septembre 2021, 12:18 - Archives
Jeu terminé en difficile à la manette Dual Shock 2 configurée avec Xpadder à l'identique que la version Xbox 360 mais avec le tir et la mire métallique sur R1/L1 (contrairement à la version PS3 qui si je ne m'abuse propose ces actions sur les gâchettes R2/L2).
Shellshock 2 est un FPS bien de sa génération en terme de maniabilité et de règles de jeu. Le corps criblé de balles on s'auto-régénère avec le temps, on traverse un environnement réaliste transformé en couloir, on va d'un point A à un point B (quasiment) sur une ligne droite, sans demi-tours ni exploration. Le scénario et les personnages ne sont pas crédibles, le héros fait n'importe quoi et a une fâcheuse tendance à suivre les consignes de n'importe qui… C'est un FPS de plus qu'on ne peut pas prendre foncièrement au sérieux en terme de narration. De fait, il ne dépassera pas la moyenne, soit ici les trois éroiles. Oui, mais est-il si nul que ça ? Est-il tellement moins satisfaisant qu'un Call of Duty moderne ?
La réponse est non, comme pour la plupart des clones de Modern Warfare montrés du doigt et regardés de haut par une presse qui surévalue chaque année sur des critères flous le nouveau Call of Duty. Je pense à Singularity, à Homefront que j'ai fait récemment, à Medal of Honor qui se révèle dans son mode Tier 1, ou encore la suite de The Darkness. Chacun de ces jeux négligés au moins par les professionnels transporte pourtant son petit lot d'idées, de réussites, d'originalités, qui l'élève finalement au-delà de son modèle en terme d'intérêt, tout en conservant sa médiocrité fondamentale. Shellshock 2 est de ceux-là.
Un scénario et un héros bidon ? Oui, mais une trame intrigante aux fondations solides, et le héros parle. Nate Walkter, soldat américain dans le bourbier vietnamien, est conduit par sa hiérarchie dans un village pourri, jusque dans le sous-sol d'un restaurant. C'est la nuit. Un docteur lui fait une injection et on l'emmène vers un type sur un lit d'hôpital, attaché avec des sangles. Il hurle, il a du sang partout, il semble être un monstre. C'est son frère, le frère de Nate Walker, Cal Walker. Cal a été exposé à un nouveau virus, une expérimentation de l'armée, une arme biologique ? Cal parvient à se défaire de ses liens et tue l'infirmier à côté. Il laisse son frère en vie et s'enfuit. Rapidement, un supérieur nommé Griffin se lance à sa poursuite et force Nate à le suivre et traquer son frère sous la menace d'une arme…
Ce n'est encore que le début. Le jeu mèle deux enfers, celui de la guerre du Vietnam et celui de l'apocalypse gore façon 28 jours plus tard, le tout dans la nuit. Tous les personnages qu'on rencontre peuvent mourir d'un instant à l'autre, c'est le chaos. Dans le village plongé dans les ténèbres, on entend un bébé crier, et un Vietcong peut se cacher derrière chaque muret… L'ambiance vire progressivement à l'horreur avec l'arrivée des infectés.
De Call of Duty on reprend la mire métallique et le réticule, sauf que… A la manière de Killzone 2, on peut désactiver le réticule ce qui est génial pour l'immersion, et surtout les impacts sanglants sur nos ennemis quand on fait mouche sont méga visibles. C'est au minimum un joli nuage de sang à chaque fois qu'on fait mouche. Les armes ont une dispersion assez faible, encore inférieure à celle visible dans Killzone 2. Mettre la mire métallique devant ses yeux prend du temps, le personnage ne se déplace pas vite, ses mouvements sont lents. Comme dans Killzone 2, on est encouragé à tirer au jugé, en évaluant à la louche le centre de l'écran et en comptant sur la dispersion. Toujours un plaisir.
Les têtes et les membres éclatent dans le sang et on peut toujours tirer sur les corps à terre, pas comme dans Call of Duty !
Le jeu est plutôt facile et pas très long, avec certains passages difficiles pour cause bête (apprentissage par l'erreur) et d'autres difficiles mais c'est l'éclate, comme le dernier combat dans une grande caverne souterraine avec des ennemis qui n'en finissent pas d'arriver alors qu'on a une M60 dans les mains… Les points de passage étant souvent éloignés, j'ai eu tout au long du jeu pas mal la pression pour survivre, la mort signifiant recommencer une assez longue section.
La réalisation c'est le point le plus facile à "fusiller" du jeu ; on se croirait dans un jeu PS2 qui a mal vieilli, un peu comme le premier Killzone. Les décors sont vides, les arrière-plans sont simples et flous, les limites arbitraires (et parfois invisibles) des décors sont grossières. Seul le gore s'en sort vraiment bien. Les ennemis ont une triste tendance au clonage, on croise les mêmes infectés des dizaines de fois, il ne doit y avoir que 4 ou 5 types distincts. La bande-son est elle aussi assez pauvre. Mais en même temps, vu l'ambition narrative inhérente au modèle - les COD modernes - je n'ai pas le sentiment de perdre grand chose.
Le gros défaut du jeu je l'ai découvert dans un avis lecteur sur jeuxvideo.com, un truc aberrant : il y a un mini-boss dans le jeu que j'ai fait au fusil à pompe, parce que j'avais que ça, et j'ai bien galéré, je lui ai bien mis 40 cartouches, et le type était bien dangereux, je m'y suis repris plus de dix fois. Et bien figurez-vous que si j'avais eu un fusil d'assaut il serait tombé en 40 balles, soit un peu plus d'un chargeur… Incroyable !
Je n'ai pas détesté Shellshock 2. Son ambiance, son histoire et ses combats m'ont diverti et pas de la pire façon qui soit. Comme j'ai joué sur PC, l'animation était impeccable, à 60 fps qui descendaient rarement à 40. L'image était bien propre, sans aliasing. Sur console je n'en aurais sans doute pas dit autant… Je n'ai pas eu à subir non plus la répartition des boutons de la version PS3, qui met le tir sur R2, ce qui est une hérésie - et honte sur tous les développeurs qui ont déjà fait ça, faut vraiment jamais jouer sur la console pour pas savoir que c'est une touche pas réactive qui ne se destine pas au tir.
Shellshock 2, c'est la guerre du Vietnam la nuit avec des infectés cannibales qui s'en mêlent, une histoire bien posée et compréhensible et des combats sanglants et pas mal rigolos quand on a désactivé le réticule (les têtes des zombies explosent comme des pastèques). Pas le jeu du siècle, largement manquable, mais… pas si nul.
P.S. : je rajoute qu'il n'y a pas de localisateur d'objectif (donc on est forcé de regarder le décor) et pas d'objets osef à collecter (donc on n'est pas distraits de la quête).
Verdict = ok