Vietcong : Purple Haze (PS2)
Par Pierre Compignie le jeudi 9 septembre 2021, 19:03 - Archives
J'ai commencé Vietcong Purple Haze sur Playstation 2, une adaptation d'un first person shooter pour Windows. On entre dans le jeu de manière assez abrupte. Le personnage que nous incarnons ne nous est pas présenté. J'ai cherché dans le manuel et même là tous les personnages décrits sont ceux qui nous accompagnent, mais pas nous. Alors que notre soldat, dont on ne voit jamais le corps et la figure, parle bel et bien pendant le jeu ; et pendant les séquences cinématiques c'est lui qui fait la voix-off.
Le manuel précise : "vous commencez la campagne dans la peau d'un 1er sergent-chef, commandant une unité d'élite des Forces Spéciales américaines".
Le jeu nous laisse le choix entre deux modes de difficulté, normal et Vietnam. Le mode Vietnam enlève l'interface (l'affichage tête haute ou ATH) et rend notre personnage extrêmement vulnérable, genre une rafale reçue et c'est cuit. Ce serait intéressant s'il y avait la possibilité d'aborder les ennemis en attaquant les premiers, ou en ayant le temps de se mettre à couvert.
Mais les ennemis ont tendance à être très peu visibles dans le décor. Le jeu nous encourage via des messages affichés à l'écran à utiliser les jumelles (une pression sur la touche R2 pour les mettre devant nos yeux, une autre pour les ranger) afin de repérer les ennemis. Très bien, sauf que la distance d'affichage du moteur graphique est très limitée et qu'au-delà d'une certaine distance, non seulement tout le décor est plongé dans le brouillard mais en plus les textures disparaissent. Donc c'est bien beau de prendre les jumelles mais tout ce qu'on distingue ce sont des blocs gris non texturés quand on regarde.
Cependant le pire dans les jeux de tir qui se passent dans la jungle, c'est la végétation. Alors que nous, normal, on ne voit rien à travers, et que le jeu nous rappelle pendant les temps de chargement, en astuces, qu'il est utile de se planquer derrière les fougères, il n'en est rien et les ennemis eux nous voient très bien à travers les buissons... Et ils nous tirent dessus copieusement.
Donc le mode Vietnam est bien gentil, mais quand on considère qu'on ne peut pas approcher les ennemis soit parce que les feuilles nous les cachent, soit parce qu'à partir d'une certaine distance on ne voit plus rien, et qu'on se condamne alors en avançant à subir le caractère impitoyable de notre santé rachitique, moi je dis non merci.
Nous sommes toujours accompagnés d'une escouade, avec notamment un guide vietnamien. Il convient dans ce jeu de demander au guide d'ouvrir la voie pour ainsi éviter de mourir bêtement dans un piège ou même se faire surprendre par des Vietcongs ; car le guide s'arrête à proximité d'un piège ou d'ennemis. Pour les pièges il nous le dit oralement, mais pour les ennemis non ou rarement ; on constate juste l'apparition de points rouges sur le radar.
Radar qui disparaît en mode Vietnam ! Donc même si on compte sur le guide, et considérant qu'il ne s'arrête pas toujours pour de bonnes raisons, nous ne sommes pas assez armés pour contrer la puissance des Viets dans ce mode.
En mode normal le jeu est bien plus sympa, les ennemis font moins de dégâts, nos alliés meurent eux aussi moins facilement (leur mort est synonyme de game over) mais nous sommes gratifiés d'un ATH un peu envahissant, entre le réticule, le radar, les munitions et la santé du personnage. Autre chose navrante et qui ne disparaît pas en mode Vietnam, l'affichage du nom complet et de la fonction du soldat de l'escouade à chaque fois qu'on passe le viseur sur lui – et qui persiste quelques secondes. Ca surcharge l'image pour rien en plus de ne pas nous demander de les reconnaître visuellement, comme par exemple avec leur visage ou leur écusson...
Mais il aurait fallu pour cela que la réalisation graphique fusse plus ambitieuse. Le jeu est extrêmement pauvre graphiquement. Les environnements censés représenter la jungle ne sont rien d'autre que des couloirs grossiers, les textures des personnages et des visages sont floues ou simplistes, le rendu de l'eau en mouvement est incroyablement moche en faisant preuve d'une fluidité digne d'un diaporama. Et au passage, les bruits de nos pas dans l'eau sont beaucoup trop forts, faux et extrêmement répétitifs. En trois mots, le tout fait bon marché et grossier, et ne suffit pas à ce qu'on s'imagine vraiment dans la jungle du Vietnam. L'avantage est que le rendu vise tout de même un rafraîchissement à 60 images par seconde, du moins c'est l'impression que j'ai.
Au niveau des commandes Purple Haze laisse bien peu de choix – on ne peut par exemple pas régler la sensibilité de la visée sur le stick. D'ordinaire j'aime bien que les développeurs "imposent" une façon de jouer et l'assument, là je me demande si n'était pas plutôt un oubli, d'autant que le réglage proposé est loin d'être idéal : les mouvements sensibles de stick sont très difficiles quand on doit bouger seulement d'un ou deux millimètres notre arme en vue "mire métallique". On bouge trop peu et l'arme ne bouge pas ; on bouge un tout petit peu plus et là l'arme tourne trop vite.
On a la possibilité de sauvegarder à n'importe quel moment mais c'est un peu long. De même les temps de chargement, qu'on doit se retaper à chaque mort, sont longs. Mais ça ne me dérange pas tant que ça, au contraire ça oblige à faire preuve de patience et à vraiment se poser devant le jeu.
Je n'ai jamais fini que la mission 7 du jeu, sur 19, donc j'ai le temps de voir venir mais je n'ai pas beaucoup d'espoir. S'il y a bien une cinématique à chaque début et fin de mission, elles ne font qu'illustrer très brièvement l'arrivée de l'escouade sur le théâtre d'opérations et son départ, suivi parfois d'un bombardement et accompagné de la voix-off du héros. Les cinématiques sont d'une qualité vidéo médiocre : compressées, baveuse, pixellisées.
Originalité : quand on est à couvert et qu'on clique sur R3 pour passer en vue mire métallique, le personnage lève tout seul la tête de son couvert.
Retour après avoir fini le jeu : c'était nul et très mal réalisé, piètre conversion de jeu PC (que j'imagine bien meilleur, au moins sur le plan de la technique).
Verdict = dispensable