In Sound Mind (PS5)
Par Pierre Compignie le mardi 28 décembre 2021, 19:00 - Critiques toute neuves
Développé par : WE CREATE STUFF
Vous vous éveillez dans les couloirs d'un lieu étrange, un environnement qui s'anime de sa propre vie, où vous trouvez plusieurs victimes, sujets du même traitement expérimental. Votre quête de réponses vous confronte à des visions hallucinantes et à une multitude d'horreurs... ainsi qu'à un chat nommé Tonia.
Les créateurs du jeu culte Nightmare House 2 vous présentent In Sound Mind, jeu d'horreur en vue subjective plein d'esprit, d'énigmes et de combats de boss uniques. Parcourez une série de souvenirs troublants tandis que vous naviguez les méandres du seul endroit auquel vous n'échapperez jamais – votre propre esprit.
Caractéristiques
• Une nouvelle expérience d'horreur des créateurs de Nightmare House 2.
• Explorez des souvenirs terrifiants, dotés d'énigmes, mécanismes, armes et combats de boss uniques.
• Une BO envoûtante de la sensation Internet The Living Tombstone.
• Un récit imaginatif et déroutant, peuplé de nombreux compagnons improbables.
• Vous pouvez caresser le chat.[1]
Quel étrange vidéogiciel que celui-ci. Je le trouve impossible à présenter simplement. De loin c'est un FPS, car on voit à travers les yeux du héros et il y a effectivement un pistolet et un fusil de chasse (c'est tout), mais les ennemis sont très peu nombreux et ce sont des espèces de fantômes avec une lumière au niveau de la tête (leur point faible). Clairement le combat n'est pas le coeur de In Sound Mind... mais c'en est bel et bien une des dimensions !
Très concrètement, on commence dans un immeuble, dans la cave plus précisément, et il y a deux étages d'habitations plus un toit. On ne peut pas sortir de l'immeuble. On peut distinguer à travers les fenêtres ou depuis le toit que le reste de la ville est inondé. Il ne semble y avoir aucune vie dans la ville autour. Dans cet immeuble on est régulièrement stoppé pare une porte verrouillée ou autre, et on doit trouver quel objet ramasser et utiliser pour ouvrir la voie. Des petites énigmes de progression typiques du genre du jeu dit « d'aventure », voire des « point'n'click ». On peut trouver aussi des comprimés, cachés, qui améliorent progressivement nos barres de vie, de sprint, de furtivité et peut-être (je ne me suis jamais penché sur ça) nos capacités de stockage de munition. Trouver tous les comprimés de l'immeuble est un objectif secondaire, qui est listé dans le menu des objectifs au même titre que les objectifs principaux.
Le personne que l'on incarne parle. C'est Desmond Wales, un psychologue (je ne crois pas que ce soit un psychiatre car il me semble qu'il ne prescrit pas de médicaments, mais je peux me tromper). L'immeuble dans lequel on se trouve est celui où il a son cabinet, et où il a son appartement. Il ne sait pas pourquoi l'immeuble est désert, pourquoi des portes sont bloquées, pourquoi une fumée noire et glaciale bloque certains passages, ni pourquoi la ville alentour est déserte et inondée.
In Sound Mind possède une étrangeté qui se retrouve dans toute l'aventure : la combinaison d'un environnement qui a tout du fantastique, de l'onirique, du rêvé, bref de l'iréel, avec des enjeux extrêment concrets et terre-à-terre. Les enjeux du public, le challenge, sont toujours des choses « physiques », comme rétablir le courant, casser un cadenas, activer une machine, trouver une clef, etc. Et les enjeux de l'histoire... Et bien, on comprend assez vite que dans l'immeuble étrangement abandonné, il y a les appartement de quatre de nos patients ; et dans chacun de ces appartements se trouve une cassette audio. En lisant cette cassette audio avec le magnétophone de notre cabinet, on se trouve projeté dans un lieu qui a marqué la vie de notre patient. Ces lieux sont gigantesques et il s'agit apparemment de comprendre le traumatisme du patient, sa problématique, et aider l'incarnation monstrueuse du patient qui nous agresse dans ce lieu (qui est une espèce de réminiscence du passé) à trouver un petit peu de paix.
Donc on pense au début que les enjeux sont purement psychologiques. Sauf que non... Au fur et à mesure de notre enquête dans les différents lieux du passé (leurs projections oniriques), on découvre ce qui pourrait bien être une conspiration gouvernementale, avec des recherches scientifiques secrètes et une arme d'un genre nouveau. À l'enjeu psychologique succède ainsi une espèce d'enquête parano qui pourrait bien avoir un énorme impact sur le monde réel. Et tout ça, au sein d'univers indéfinissables issus des souvenirs de nos patients...
Difficile de trouver un sens logique à l'aventure de In Sound Mind. Globalement j'ai aimé car j'ai trouvé cette expérience touchante par moment (mention spéciale à la musique), mystérieuse souvent, pleine de créativité (les confessions des patients sous forme de chansons), avec des lieux oniriques qui proposent beaucoup au public en terme de recherche et d'interaction... Dans le bon sens du terme, il y a du « contenu » dans In Sound Mind, c'est une oeuvre assez généreuse pour un studio indépendant.
À côté de ça, j'ai souvent trouvé l'aventure désagréable voire même éreintante. L'incarnation monstrueuse du patient dans chaque monde nous traque sans relâche, et quand on doit trouver son chemin et/ou les interactions nécessaires, tout en étant harcelé et en perdant de la vie (car oui c'est aussi un « jeu de survie » avec des points de vie comme dans Half Life), c'est gonflant, stressant et épuisant. La collecte des comprimés dans chaque monde est aussi une source de stress car les lieux apparaissent vraiment énormes en terme de surface et j'ai vite compris à mes dépends qu'un comprimé pouvait devenir inaccessible définitivement si on ne le ramasse pas pile au bon moment. Il y a des moments où le vidéogiciel nous met la pression en terme de nombre d'ennemis, de dangers environnementaux et de ressources limitées (vie, munitions) alors que le contexte ne le justifie pas vraiment (pourquoi des enjeux de survie aussi poussés dans une enquête psychologique au sein d'un univers onirique ?). Je me suis souvent trouvé intimidé par la grandeur des mondes à explorer et la quantité de comprimés à trouver. Alors oui les comprimés sont facultatifs, mais je suis mentalement incapable de refuser un challenge qu'on me lance et que je sais que je peux réussir.
In Sound Mind n'a donc pas toujours été une partie de plaisir, loin de là. Mais... Aux moments éreintants ont toujours succédé des phases plus reposantes, introspectives. J'ai adoré par exemple revenir dans l'appartement de chaque patient, après avoir terminé leur monde, pour l'explorer attentivement et trouver le vynile caché de leur chanson. La musique dans ces moments est très douce, et les documents qu'on trouve et qu'on lit en disent beaucoup sur les luttes internes, les difficultés intimes de ces gens.
Donc même si sa maladresse me l'a rendu antipathique par moment, je ne peux que tout de même saluer In Sound Mind pour sa créativité, sa générosité et sa sensibilité. C'est une oeuvre très originale.
La traduction française est fiable, je l'ai trouvée très correcte. Par contre la performance et les graphismes sont assez pauvres... On sent que les développeurs sont plus des game designers que des génies du code. Le logiciel a été créé avec Unity. Si ce moteur me semble très prisé par les créatifs, je pense qu'il faut beaucoup de talent de la part des développeurs pour que les logiciels montés avec ne tournent pas comme des patates. Le frame rate vise les 60 images par seconde mais reste bien peu souvent aussi haut... Alors que toute évidence, la PS5 devrait être capable d'afficher tout ce qui se trouve à l'écran sans broncher. Dommage aussi que les développeurs n'aient pas du tout implémenté les vibrations sur la manette Dual Sense.
Verdict = ok
Note(s)
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