Resident Evil : Revelations 2 // Le DLC « Description d'un combat » (PS4)
Par Pierre Compignie le dimanche 14 août 2022, 14:00 - Critiques toute neuves
Développé par : CAPCOM (Japon)
Sorti à l’origine en : mars 2015 (Europe, version PS4)
Moira se bat pour survivre aux horreurs de l’île avec l’aide d’un vieil homme. Ceci est son histoire, une histoire de lutte et de rédemption.
Cet épisode spécial propose une expérience différente de la campagne principale. Inclut le costume original de Moira.[1]
Cela fait des lustres que j’ai parcouru le mode histoire original de RER2, sur PS3 d’ailleurs. Je n’avais pas fait les deux DLC mais je gardais l’idée de m’y mettre un jour dans un coin de ma tête. Je me suis lancé ce week-end dans leur version PS4, que je possède dans ma bibliothèque virtuelle. C’est l’occasion de profiter de RER2 à 60 images par seconde, oui monsieur, une performance qui n’est pas surprenante puisque le vidéogiciel a été conçu en parallèle sur PS3 et PS4, donc programmé pour pouvoir être exécuté sur une machine bien moins puissante. C’était le cas aussi de Metal Gear Solid V par exemple.
Description d’un combat est l’occasion pour CAPCOM de « raconter » (un bien grand mot) les six mois qu’a passé Moira seule après que Claire l’ait abandonnée en pensant qu’elle était morte, et avant que son père Barry ne rejoigne l’île pour tenter de la retrouver. Ces six mois du point de vue de Moira n’étaient pas du tout détaillés dans le scénario original, donc ce DLC vient combler un vide narratif en quelque sorte.
Mais il faut vite le dire parce que la narration a fait l’objet de bien peu de soins.
Cet épisode est divisé en quatre chapitres. Le premier met bien dans l’ambiance puisqu’il s’agit de chasser dans la forêt avant la nuit (avec un timer) pour que Moira puisse manger… Mais déjà, on réalise que ce n’est pas tout à fait cela puisque les sacs que l’on remplit de viande, au nombre de cinq maximum, servent surtout à pouvoir recommencer le chapitre en cours en cas de mort, au lieu de recommencer du tout début. Les scénaristes ont beau jeu de faire dire à Moira et au vieux russe qui l’héberge que la chasse sert à se nourrir, concrètement on ne voit jamais Moira se nourrir et surtout, les sacs ne sont consommés que quand on meurt… Donc on nous prend un tout petit peu pour des idiots.
Le troisième chapitre, à l’originalité encore une fois bienvenue, voit Moira en quête de provisions dans un village de pêcheurs hanté par des monstres redoutables dont elle doit à tout prix ne pas se faire voir. Si elle est repérée, elle a trente secondes pour quitter le village. Moi, je me suis fait repérer très vite, et comme j’avais mes cinq sacs plein je m’en fichais bien de ramasser des provisions. Bon il se trouve que « provisions » désignait « armes, munitions et soins » et non « gibier », donc j’ai commencé le chapitre 4 pratiquement à poil et ça a été très difficile d’aller au bout. Mais ce n’est pas le sujet, ce que je veux dire c’est qu’en terminant le chapitre 3, Moira raconte en voix-off sur écran noir qu’elle a trouvé dans le village une liste de prisonniers avec dessus le nom de la fille du vieil homme russe avec qui elle survit. Deux problèmes : d’abord une voix-off sur un écran noir, c’est assez peu engageant ; ensuite je n’avais trouvé aucun document lors de ma très courte virée dans le village… Cela signifie que les scénaristes de ce DLC n’ont absolument pas travaillé main dans la main avec les level designers. Ces derniers se sont contentés de créer quatre chapitres, soit grossièrement un de chasse, un de combat, un d’exploration/infiltration et un dernier de combat à nouveau ; tandis que les scénaristes ont écrit des répliques que les personnages déclament soit quand on les dirige, soit sur fond noir entre les chapitres. L’ambition narrative est très pauvre.
Pourtant les dialogues des personnages sont volontiers marrants, avec le vieil homme coincé et Moira qui le provoque à qui mieux mieux. Une sorte de relation Joel-Ellie dix fois plus vivante que dans The Last of Us. Le rapport compliqué de Moira avec son père est évoqué… Avant d’être désamorcé quelques minutes plus tard de façon totalement inconséquente « non mais en fait j’ai tellement eu tort de lui reprocher de me sur-protéger, à l’avenir je serai plus sympa avec lui ». Il y a donc des pistes psychanalytiques intéressantes mais elles n’aboutissent à rien. Il n’y avait pas beaucoup de place pour la narration dans ce DLC, donc je crois que les scénaristes ont tenté sans trop y croire de caser une relation dysfonctionnelle avec une réflexion sur le père, sans avoir les moyens de développer cela correctement. En résulte une esquisse enthousiasmante sur certains aspects (les vannes entre les deux, le terrain intime des relations père-fille) mais insignifiante au global (aucun développement, une résolution bâclée).
Sinon du côté des enjeux moins « internes » et plus « thriller », c’est vraiment la partie interactive, soit la chasse, les combats et l’exploration. Et c’est déjà pas mal car la survie n’est pas garantie…
J’ai eu beau me mettre en mode facile (uniquement deux modes : facile et survie), j’ai galéré et j’avais la pression de devoir recommencer depuis le tout début. CAPCOM a introduit cette notion de ne pas garantir de pouvoir recommencer au dernier point de passage et c’est très efficace. D’ailleurs ça me rappelle beaucoup le mode Mercenaire de Resident Evil : Village, où chaque épisode est une succession de niveaux dont on doit triompher sans mourir.
Les combats sont du CAPCOM, donc comme d’habitude, je galère pour m’en sortir la première fois, et je réalise à la fin que non seulement mon score (car on est noté) est bof, mais qu’en plus le vidéogiciel me met au défi d’obtenir le rang S dans le mode de difficulté supérieur… Il y a une très grande marge de progression chez CAPCOM ; la première fois on galère pour ne serait-ce que survivre jusqu’à la fin, et après on attend de nous qu’on survive non seulement en mode difficile mais en plus en faisant un score parfait (être rapide, précis et ne pas mourir une seule fois) ! Cette seconde phase, si on choisit de l’entreprendre, est bien plus couteuse en temps et en énergie, puisqu’il il s’agit d’apprendre par cœur les niveaux et de déterminer les stratégies les plus efficaces pour venir à bout des différents groupes de monstres. C’est un vrai boulot qui demande beaucoup de patience et de volonté. Je l’ai fait pour le mode Mercenaire de Resident Evil : Village, mais je ne le ferai pas ici. Je n’ai pas aujourd’hui la motivation de bloquer du temps pour ce challenge très abstrait.
Puis comme j’ai fait la bêtise de ne ramasser aucune provision au chapitre 3, mon chapitre 4 s’est révélé bien velu. Je l’ai terminé exsangue, avec plus une seule munition ni un seul explosif ! Et avec Moira aux portes de la mort. Donc je l’ai eu mon combat désespéré, même en mode facile. Les attaques des monstres sont difficiles à esquiver, surtout quand ils attaquent en groupe. L’esquive de Moira ne la protège pas des attaques, elle permet juste de s’en éloigner pour y échapper. On peut parcourir le DLC avec un partenaire humain qui prend le contrôle d’Evgeny le vieux russe, mais en solo cela fonctionne aussi, avec la console qui dirige le perso que l’on ne contrôle pas – on passe à loisir de l’un à l’autre, ce qui est pratique pour ponctuellement sniper un monstre lointain avec le fusil d’Evgeny. Je n’avais pas de partenaire humain sous la main donc j’ai fait le DLC en solo.
Verdict = ok
Note(s)
- ^ Présentation du Playstation Store.
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