Assassin's Creed IV : Black Flag (PS4) // Le DLC « Le Prix de la Liberté »
Par Pierre Compignie le mercredi 21 décembre 2022, 12:00 - Critiques toute neuves
Développé par : UBISOFT QUÉBEC (Québec)
Sorti à l'origine en : décembre 2013 (Europe, version PS3)
Comment j'ai pratiqué : Terminé en 3h, sur PS5, avec la manette Dual Sense
Né esclave, Adewale trouve la liberté en tant que pirate à bord du Jackdaw, le navire d'Edward Kenway. Quinze ans plus tard, Adewale est un Assassin expérimenté, mais il s'échoue sur le rivage de Saint-Domingue, seul et sans arme. Il doit se procurer un navire et constituer un équipage afin de libérer les esclaves et de les venger. Plus de trois heures de jeu solo inédit ![1]
Ma foi j'ai trouvé ce DLC assez intéressant à la longue. Le « monde » est beaucoup moins étendu que dans Black Flag et se compose seulement d'une ville, de quelques îles, plantations, trois zones de pêche au harpon et une de plongée sous-marine. J'ai pensé qu'il était envisageable, raisonnable, en terme de temps, d'essayer de tout explorer ; d'autant que l'exploration recèle de bonnes surprises.
D'abord les îles ont rarement un point de synchronisation ; cela implique que les coffres et secrets à ramasser ne sont pas signalés sur la carte. Alors certes, les zones à fouiller sont souvent minuscules et les coffres très mal cachés, mais on est déjà moins passif que dans BF. Ensuite, les secrets ne sont plus une armée de documents osef à collectionner bêtement sans jamais les lire, mais diverses améliorations pour notre perso : nouvelles armes, bourses plus grandes pour emporter plus de munitions et même une proue pour notre navire.
D'ailleurs, encore une bonne surprise, l'unique zone de plongée sous-marine est en quelque sorte scénarisée puisque Adewale retrouve rien moins que l'épave du Jackdaw, le navire d'Edward Kenway dans BF ! Et c'est sa proue que l'on peut récupérer pour la mettre sur notre navire actuel (l'Experto Crede). Au passage, la proue, un truc gigantesque hein, se récupère simplement en appuyant sur rond comme on ramasserait une tomate pour la glisser dans la poche de son veston ; Assassin's Creed et l'immersion, il y a encore un peu de boulot.
Donc étonnamment, chouette partie secondaire pour ce Prix de la Liberté. Les autres activités annexes sont toutes exclusivement liées à la libération des esclaves : raid sur plantation, libération d'esclaves vendus aux enchères et sauvetages divers. Il y a partout des opportunités de secourir des esclaves. J'apprécie le fait que l'on ne s'éparpille pas sur dix mille sujets (un plus par rapport à BF), par contre, je regrette que toutes ces activités manquent incroyablement de réel, dans le sens où elles réapparaissent indéfiniment aux mêmes endroits, vraiment comme des événements virtuels qui se répètent à l'infini. On sent que l'on n'a pas à faire à des humains mais à un programme informatique, à des clones dupliqués. Toujours les mêmes esclaves sur la même estrade dans la même rue à chaque fois qu'on revient, peu importe le nombre de fois qu'on les libère... C'est stupide. Ça enlève beaucoup de poids au sujet.
Je n'ai pas apprécié non plus le personnage d'Adewale. Je trouve que sa musculature est exagérée ; okay c'est un Assassin, mais il ne passe pas son temps à la salle pour autant, donc rien ne justifie son corps de culturiste (ses énormes biceps et pectoraux sont une composante de son design). Les Assassins sont censés être extrêmement agiles (donc j'imagine, pas trop de masse musculaire non plus) que des armoires à glace, ne serait-ce parce qu'il est alors moins aisé de grimper dans tous les sens. J'ai trouvé que ce DLC tombe dans le cliché d'une représentation très américaine et très moderne du corps masculin, qui colle mal aussi à l'époque représentée. Je n'aime pas vraiment cette idée de nous faire croire que l'on peut avoir un corps comme ça sans y consacrer une énergie et un temps considérable au quotidien. On ne voit jamais Adewale s'entraîner physiquement, et rien ne suggère dans le scénario qu'il s'implique dans cette culture de son propre corps.
Ça c'était pour le physique, mais je n'ai pas non plus accroché à sa personnalité. Adewale est comme qui dirait un personnage unidimensionnel : il est porté par son désir de libérer les esclaves et faire triompher les valeurs de son crédo... et c'est tout. Il n'a pas de faille, pas d'humour, c'est une machine. Les scénaristes avaient esquissé pour Kenway de grosses blessures narcissiques, avec l'importance presque pathologique que prenait son désir de gagner de l'argent et d'élévation sociale (avant qu'il ne devienne lisse et chiant à la fin, certes) ; mais ici rien de tel pour Adewale. C'est un homme qui s'est affranchi de ses oppresseurs par la violence et qui depuis trace sa route dans le sang, sans vraiment être empêché par quoi que ce soit d'interne ou d'externe. Ce personnage n'a juste pas assez de problèmes (au sens large) pour être intéressant. Je sais bien que cela semble paradoxal pour quelqu'un qui se bat pour mettre fin à l'esclavage, mais c'est ça : rien ne l'arrête et on ne doute pas qu'il atteindra les objectifs qu'il se fixe. Il est trop simple, trop fort, trop efficace.
J'ai pratiqué ce vidéogiciel PS4 avec la Dual Sense, la manette PS5 donc, l'occasion d'expérimenter comment cette dernière émule la Dual Shock 4 pour les applications PS4. Et bien ma foi, très bien, les vibrations n'étaient pas mal du tout et je n'ai eu aucun problème de précision avec les sticks analogiques. Je regrette un point de l'ergonomie d'Assassin's Creed IV, qui est de nous faire maintenir la gâchette R2 pour courir... Je suis persuadé que cela use la gâchette de la Dual Sense de la maintenir en permanence, j'ai une gâchette de Dual Shock 3 qui peut en témoigner après de longues sessions d'accélération dans des VG avec de la conduite automobile. Et puis ça use ma main aussi, ce n'est pas du tout agréable de maintenir quasi en permanence une commande opposant de la résistance (ce qui n'est pas le cas de la touche R1 par exemple, utilisée dans la version PS3 du VG). Avec ma Dual Shock 4 j'ai ma fixation dorsale de commande qui me permet d'assigner la gâchette R2 à une touche arrière reposante ; mais rien de tel sur ma Dual Sense ! Donc à l'avenir je pense que je resterai sur la Dual Shock 4 pour les VG PS4.
Je n'ai pas dit un mot sur le scénario du Prix de la Liberté ni sur son challenge : c'est parce qu'ils sont hautement anecdotiques. Il y a des plantations dans lesquelles on doit tuer silencieusement vingt gardes ; il y a des combats de navires dans lesquels on doit éliminer l'escorte d'un navire négrier avant de lui donner l'assaut, en prenant bien garde de ne pas l'endommager auparavant pour ne pas tuer les esclaves à l'intérieur. Et puis il y a d'énièmes filatures déjà vues cent fois, sans aucun intérêt. Je retiens simplement de l'histoire les objectifs de synchronisation de la mission finale, qui m'ont donné du fil à retordre, et plus particulièrement celui-ci : assassiner le gouverneur avec son arme, le fer à marquer, qu'il utilise pour torturer ses esclaves. Ça a beaucoup de sens scénaristiquement et c'est très compliqué à faire, car rien n'indique comment récupérer le fer à marquer du gouverneur... J'ai dû m'y reprendre à plusieurs reprises, et d'ailleurs, c'était assez pénible car si je tuais le gouverneur « normalement » par maladresse, alors la cinématique de fin non zappable se lançait, et j'étais tombé bon, soit pour la mater pour la x-ième fois, soit pour recommencer la mission du tout début, avec un déplacement assez pénible de la plage jusqu'au domaine du gouverneur. J'ai bien sûr fini par y arriver, et oui, c'était très satisfaisant, avec une chorégraphie assez brutale pour le coup final.
En conclusion, voilà un sympathique DLC qui se montre force de proposition pour améliorer la partie exploration de Black Flag, avec un monde à l'étendue beaucoup plus raisonnable, des secrets intéressants à chercher soi-même, des activités annexes moins nombreuses et plus scénarisées, et qui offre de façon générale une proposition interactive beaucoup plus focalisée sur son sujet : ici la libération d'esclaves, là où avant on se lançait dans du commerce, de la chasse, des contrats d'assassinat... J'ai trouvé l'histoire et le personnage principal sans trop d'intérêt, mais c'était clairement plus agréable et intéressant à parcourir que Black Flag. J'ai d'ailleurs trouvé tous les secrets et amélioré à fond personnage et navire.
Verdict = ok
Note(s)
- ^ Présentation officielle recopiée d'un scan de la quatrième de couverture.
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