Sorti à l'origine en : février 2016 (Europe, version PS4)
Comment j'ai pratiqué : Terminé en 7h40, sur PS5 avec la manette Dual Shock 4. 60 images par secondes. Fixation dorsale de commande configurée pour les boutons L2 et R1.
The ABC Murders est un jeu d'aventure et d'enquête à la 3e personne, adapté du célèbre roman d'Agatha Christie.
Dans la peau du célèbre détective privé Hercule Poirot, vous affronterez un mystérieux adversaire se faisant appeler « ABC ». Vos talents de fin limier seront mis plus que jamais à contribution !
Vos investigations vous conduiront dans plusieurs villes du Royaume-Uni pour explorer de nombreuses scènes de crime aux environnements somptueux. Procédez à des contre-interrogatoires, déjouez de mortelles énigmes... et surtout, ne négligez aucun indice !
Observez, questionnez et explorez sans relâche pour faire éclater la vérité et comprendre le mode opératoire du meurtrier ![1]
J'ai accroché très vite aux jolis décors et à l'enquête : observer la scène de crime, récolter les témoignages du voisinage, relever des indices... Poirot s'exprime en Anglais avec un accent français très charmant. Le système de déduction est repris des autres vidéogiciels modernes d'enquête grand public (comme Murdered : Soul Suspect par exemple). Aucun tuto ne nous le dit mais on peut utiliser la touche R1 pour que Poirot se déplace légèrement plus vite (en conservant sa lenteur élégante). Dans les énigmes où l'on manipule des objets, c'est la gâchette L2 qui est utilisée ; curieux choix pour un simple clic d'action, je l'ai donc bien vite assignée à la fixation dorsale de commande, avec aussi la course (R1) pour un confort optimal.
En cela je ne suis pas si différent de Poirot, un homme très à cheval sur son confort de chaque instant.
Malheureusement j'ai fini par un peu décrocher de l'histoire et de l'ambiance. La faute à des déductions et un récit dont la logique m'a trop souvent laissé sur le carreau. Les énigmes quant à elles mettent en scène des meubles dotés de mécanismes tout à fait improbables, avec des verrouillages par puzzles de plus en plus alambiqués. De façon générale j'ai senti peu d'efforts mis en œuvre pour que challenge interactif et narration avancent de concert. Le VG propose une abstraction du travail d'enquête beaucoup trop éloignée de sa réalité : tout le travail mental intéressant est à la charge de Poirot, tandis que le public doit se contenter de déplacer un cercle sur des zones qui font vibrer la manette, ou essayer plusieurs combinaisons d'indices jusqu'à trouver celle élue arbitrairement la bonne par les développeurs. J'ai trouvé que le VG exigeait bien peu d'intelligence de ma part pour en venir à bout, et m'impliquait trop peu dans les cheminements intellectuels du héros.
La difficulté est souvent minimale. Je rentre plus en détail sur tous ces aspects dans la galerie d'image. L'aventure commence bien mais, chemin faisant, et en approchant de la fin, tout a de moins en moins de sens. Heureusement Poirot est un personnage haut en couleur, avec des manies et des réflexions qui me l'ont rendu intéressant, attachant.
J'ai été charmé dès le départ par la représentation visuelle des décors et des personnages. J'aime beaucoup !Le compteur (à gauche de l'écran) d'objets à ramasser ou d'observation à faire dans les scènes simplifie beaucoup la recherche... un peu trop à mon sens. Je ne suis pas fan de ce qu'on appelle la « chasse au pixel » (trouver un élément interactif minuscule à l'écran pour cliquer dessus), mais ici c'est l'extrême inverse... avec une exception dans la chambre de Cust à la fin, où l'interaction sous le lavabo m'a échappé un moment.Poirot explique à la fin pourquoi le tueur, avide de gloire (?), a choisi de lui écrire à lui Poirot pour le prévenir en anticipé de ses meurtres, et pas simplement à la police ou à la presse. L'explication de Poirot est que le tueur avait depuis le début prévu de commettre son troisième meurtre dans une petite ville (500 habitants) où la police serait parvenue à protéger toutes les personnes dont le nom de famille commence par C ; et pour éviter cela, il a fait volontairement une erreur dans l'adresse sur la lettre destinée à Poirot, afin qu'elle mette plus de temps à lui parvenir. Un raisonnement que je trouve particulièrement tiré par les cheveux, car je me pose encore une question très simple : pourquoi le tueur n'a-t-il pas simplement choisi dès le départ une autre ville, plus grande, dont le nom commence aussi par C ? Même prévenue la police n'aurait pas pu protéger toutes les cibles potentielles : problème résolu. La logique de Poirot m'échappe !Un bref tuto nous présente les règles du système de déduction.La logique des déductions m'a souvent échappé. En quoi les trois propositions sélectionnées prouvent-elles que Thora n'a jamais empoisonné Lady Clarke ? Pour autant que je sache on peut très bien empoisonner les rats ET la maîtresse de maison, et on peut très bien ce faisant être à l'origine de la maladie de cette dernière... C'est très difficile d'arriver à la même conclusion que les développeurs car celle-ci est arbitraire, et non le fruit d'une logique implacable. Et l'autre problème, c'est qu'on peut facilement gagner ces séquences par « brute force » comme disent les anglophones, en essayant toutes les combinaisons jusqu'à trouver la bonne ; en effet vu le nombre limité d'indices à disposition, la tactique « j'essaie tout jusqu'à ce que ça rentre » n'est pas décourageante.Je ne vois pas en quoi les deux indices sélectionnés répondent à la question. Encore une fois, j'ai dû essayer plein de combinaisons d'indices pour aboutir à une solution qui n'avait aucun sens pour moi.Les deux premiers indices renseignent sur l'inclinaison de Sir Carmichael plutôt que sur celle de Thora. Moi-même je peux offrir une broche à une femme et la trouver charmante, je doute que cela vous permette de déduire qu'elle souhaite m'épouser. Et le dernier indice, le fait qu'elle soit évasive sur ses relations ? Mille explications possibles autres qu'un désir de l'épouser... Pas vraiment ce que j'appelle « logique implacable ».Oui, ou bien il a simplement changé de chemise avant de rentrer chez sa logeuse, et aura toussé du sang sur sa nouvelle chemise pendant le trajet ? Encore un décalage entre mon raisonnement et celui du VG.Donald n'a visiblement pas envie de répondre à une question qui le gêne......le VG nous donne alors le choix entre ces deux réponses. J'ai choisi la première, pour reconnaître en effet que le sujet était malaisant, dans l'optique d'amadouer Donald et le rassurer pour qu'il accepte de me répondre......sauf que le VG n'a pas du tout compris ce que je voulais, et que Poirot laisse tomber la question ! Pas du tout ce que je voulais......et je ne manque pas de me faire sermonner par Mary Drower, alors que je suis parfaitement d'accord avec elle ! Frustrant.L'écriture ne manque pas d'humour. Poirot taquine souvent Hastings......qui le lui rend bien. Dans un autre style, plus premier degré !Les séquences d'observation se déroulent ainsi : Poirot émet une remarque sur une personne......et on doit alors déplacer le cercle sur les éléments qui vont dans le sens de sa remarque. En sachant que l'on a le nombre d'éléments à trouver à gauche de l'écran......il s'agit de déplacer le cercle sur tout l'écran à la recherche d'une zone qui fait vibrer la manette et déclenche un zoom + un flou sur les bords de l'écran. Alors un texte apparaît avec le détail observé exprimé en toutes lettres. Je trouve ça problématique car dans ces moments je ne suis pas Poirot, je suis vraiment avec une manette devant un VG. On ne gagne pas en réfléchissant et en observant la scène, mais en interprétant des stimulis visuel et tactile qui n'ont rien à voir avec le fait de reconnaître des vêtements froissés et trouver cela suspect. (D'ailleurs graphiquement j'aurais eu bien du mal à distinguer que les vêtements étaient froissés.)Il y a des séquences de déduction où il s'agit uniquement d'établir le profil psy d'un personnage. Malheureusement c'est simpliste : il y a généralement un indice évident répondant à la question, et un seul incide est nécessaire. Trop simple, on est peu impliqué.Le vidéogiciel nous confronte à des énigmes particulièrement abstraites, qui trouvent mal leur place dans l'univers réaliste de l'intrigue. Exemple ici, avec ce meuble qui fourmille de compartiments secrets verrouillés par divers puzzles. Qui a cela chez lui ??Poirot lui-même note l'incongruité de ces épreuves au détour de l'une d'entre elles. Les développeurs en étaient donc sans doute conscients.Les reconstitutions des meurtres nous demandent de choisir à chaque instant les actions du tueur. Malheureusement, c'est parfois du pifomètre, comme ici où « retirer la ceinture » se révèle un mauvais choix, pourtant pas franchement invalidé par une découverte antérieure... Donc résolution par l'échec, puisque, peut-être conscient de ses limites, le VG nous laisse toujours recommencer.Une autre instance où Poirot fait le boulot d'enquête seul dans son coin : on tourne le livre pour qu'il l'observe, ce qu'on a devant les yeux est inintelligible mais lui comprend un truc... Dommage qu'on ne partage pas plus le travail du détective.« J'aimerais bien, Hastings, mais la sonnerie du téléphone n'émet aucun son dans cette version PS4, fort jolie au demeurant. »
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Lost in translation
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