Majin and the Forsaken Kingdom (PS3)
Par Pierre Compignie le samedi 2 décembre 2023, 16:00 - Critiques toute neuves
Développé par : GAME REPUBLIC (Japon)
Sorti à l'origine en : novembre 2010 (Europe, version PS3)
Comment j'ai pratiqué : Terminé en 21h03 (11 sessions) en mode difficile (3 sur 4), sur PS3 avec la manette Dual Shock 3. 30 images par secondes. Version 1.0. Textes et voix en Français, sans sous-titres (je les ai désactivés mais une partie des dialogues reste sous-titrée quand même).
Bidouilles diverses : Aucune.
Il était une fois Majin et le royaume oublié... Guidé par des oiseaux migrateurs, un jeune homme du nom de Tepeu pénètre au cœur d'une terre maudite. Silencieux depuis plus d'un siècle, le royaume s'éveille peu à peu.
- Réalisé par Yoshiki Okamoto (Resident Evil, Street Fighter...).
- Faites équipe avec le Majin pour combattre les ténèbres et sauver le royaume oublié !
- Explorez un monde ouvert où foisonnent créatures étonnantes et énigmes pasionnantes ![1]
Majin and the Forsaken Kingdom, c'est long comme titre, appelons-le MATFK. Il s'agit d'une aventure où un jeune homme soit disant « voleur » fait équipe avec une créature magique appelée « Majin » pour d'abord s'échapper tous deux d'une forteresse où les soldats des ténèbres leur « mettent la misère », puis pour parcourir les terres du royaume à la recherche de fruits redonnant son pouvoir ancestral au Majin, pour enfin revenir à la forteresse, botter le cul des ténèbres et sauver le royaume. En gros !
Une quête donc d'une grande simplicité, un peu trop convenue, balisée, prévisible à mon goût les premières heures. Les terres du royaume sont en fait quelques trente-cinq zones, certes connectées mais assez étanches entre elles, qui présentent chacune leur lot d'ennemis, d'énigmes de progression et de trésors cachés à récupérer. Je trouvais aussi que visuellement le rendu avait mal vieilli ; c'était l'époque PS3 et les développeurs japonais les premiers (autrefois pourtant virtuoses du code) avaient bien du mal à maîtriser la technologie. Concrètement le frame-rate est aux fraises, l'aliasing omniprésent, le flou de distance bien trop prononcé, les surfaces mouillées semblent huilées, on se tape des micro-freezes qui non seulement font que des commandes passées à la manette sont ignorées (pratique quand on s'élance pour sauter...) mais réinitialisent aussi la position de la cape du héros, qui se met subitement à flotter à l'horizontale comme si un maxi coup de vent avait soufflé en un instant.
Je n'étais donc pas franchement convaincu les premières heures. Et puis progressivement, à mon insu, la « petite musique » du VG s'est installée en moi et je me suis surpris à aimer ce que je faisais, à apprécier l'action à l'instant présent. Le contrôle du personnage dont j'ai découvert les subtilités : ce saut à la puissance identique que je marche ou que je coure rend inutile de risquer de s'élancer sur une trop grande distance sur les petites plate-formes. Le Majin qui m'a touché : c'est un grand bonhomme au cœur pur, que la voix française m'a rendu attachant, dont le passé est émouvant (les humains, après en avoir fait leur souffre-douleur, ont exploité ses pouvoirs) et dont j'ai trouvé la naïveté vraiment belle. Bon au début ses yeux jaunes sans pupille ont alimenté ma phobie de la cécité mais j'ai pu plus ou moins passer outre ensuite.
J'ai trouvé la musique jolie, douce et entraînante selon les morceaux, entre la chaleur d'un conte de grand-mère au coin du feu et le souffle épique d'une épopée.
Ce visuel qui me repoussait par sa technique a fini par me charmer par son esthétique : des paysages naturels baignés de soleil, des ruines de machines anciennes, un cycle jour-nuit, des cerisiers avec une espèce d'aura bleu-rose... Il y a une mélancolie assez puissante qui se dégage de ces lieux.
Et puis bon, ce que le VG nous donne à faire est intéressant, pas passionnant mais intéressant : les énigmes de progression nécessitent de bien explorer et observer son environnement et de faire fonctionner un petit peu ses méninges, même si ça reste simple. Les combats ont ceci d'original que l'on a vraiment besoin des attaques du Majin pour rendre les ennemis vulnérables à nos assauts, sinon ils peuvent encaisser des dizaines de nos coups d'épée et ce n'est pas très amusant.
L'aspect plate-forme est sympa aussi, on a souvent des sauts à faire, qui n'ont rien d'automatique. On ne peut pas mourir si on rate un saut car le VG nous interdit de sauter ou tomber dans des endroits dont on ne pourrait pas revenir, et aussi parce que même les plus grosses chutes ne nous enlèvent pas du tout de santé. MATFK n'a rien d'un VG « hardcore », il n'exige pas de son public une adresse ou un investissement très importants (au contraire d'un Demon's Souls ou Dark Souls qui nécessitent beaucoup de dextérité, de patience et de volonté pour en voir le bout). À propos des sauts un bémol cependant, souvent j'en ai raté parce que j'appuyais trop tard sur la touche de saut en m'élançant d'une corniche, et j'ai souvent eu le sentiment que c'était injuste, c'est-à-dire que je n'appuyais pas réellement trop tard mais que soit le VG tardait à tenir compte de ma commande (on appelle ça l'input lag), soit que le vide de la corniche était programmé trop tôt sur la plate-forme – d'autant plus handicapant que le perso se verrouille dans une animation de chute dès qu'il marche sur du vide, interdisant toute commande.
L'aventure est rythmée par les échanges complices entre Tepeu et le Majin, ainsi que par des séquences flash-back où Tepeu voit des moments marquants de la vie du Majin. Ces passages sont aussi l'occcasion de découvrir l'histoire du royaume, notamment comment les humains ont « invité » les ténèbres et leurs puissances afin de pallier l'épuisement de leurs ressources naturelles sans remettre en question leur train de vie et leur confort... Difficile de ne pas penser au « technosolutionnisme » qui semble animer une grande partie de la société en 2023.
Enfin, MATFK nous fait vivre des affrontements de boss souvent construits comme des énigmes, où il faut exploiter les particularités de l'environnement pour rendre vulnérable notre adversaire. À ce titre l'avant-dernier boss est très sympa, c'est Majin lui-même possédé par les ténèbres et les solutions requises pour le ramener à la raison ne manquent pas d'ingéniosité (créer un réseau de parafoudres pour éviter que les éclairs du Majin ne touchent la plate-forme où l'on cherche à libérer la princesse, faire en sorte que le Majin souffle du feu sur une bombe toute proche de lui pour qu'il soit sonné par l'explosion).
J'ai réalisé en lisant des choses sur internet qu'il y avait deux fins, une fausse et une vraie, en fonction des trésors que l'on a réussis à ramasser. Honnêtement je ne savais pas de quels trésors il s'agissait exactement, s'il fallait juste trouver tous les fruits magiques pour que le Majin dispose de sa pleine puissance, ou bien s'il fallait absolument tout ramasser, y compris les « orbes de mémoire » qui apparaissent seulement la nuit. J'ai choisi de ne pas prendre de risque et de prendre le temps de tout découvrir, ce qui ne m'a jamais gonflé car, premièrement, les objets cachés ne sont pas indiqués sur la carte, donc il faut bel et bien les chercher, et deuxièmement, le challenge reste sympathique puisqu'on nous indique le nombre d'objets à trouver dans chaque zone, et chaque zone n'est pas non plus immense, donc c'est une tâche qui ne m'a jamais dégoûté ni ennuyé. Le seul vrai bémol à cette quête, ce sont les orbes de mémoire qui nécessitent qu'il fasse nuit. Une journée de soleil dans le VG dure trente minutes dans la vraie vie, donc sur la fin j'ai dû laisser tourner la console sans rien faire plusieurs fois trente minutes... Pas top du tout.
Une aventure bon enfant et empreinte de mélancolie dans un royaume post-apo médiéval-fantasy à la fois ensoleillé et désolé, avec un grand bonhomme simplet au cœur pur qui a fini par m'émouvoir. La musique et la direction artistique sont chouettes, tandis que le challenge interactif, sans être aussi prenant et intense que celui de The Mark of Kri dernièrement, ne manque pas d'intérêt, en partie grâce à un système de contrôle typiquement japonais, donc sensible et riche de subtilités. Une grosse quinzaine d'heures paisibles et plutôt bonnes pour l'âme !
Verdict =dispensable|ok| vaut le coup ! |énormissime
Note(s)
- ^ Présentation de la quatrième de couverture.
Galerie d'images





























Commentaires
Jolie critique empreinte de poésie pour un VG qui me fait bien envie !