Syberia II (PS2)

Développé par : MICROÏDS (France)

Sorti à l’origine en : mars 2004 (États-Unis, version PC)

Comment j’ai pratiqué : Terminé sur PS2 avec la manette Dual Shock 2. Textes et voix en Français, sans sous-titres (désactivés/inexistants).

Bidouilles diverses : Aucune.

Courage ou folie ?

Après avoir parcouru l’Europe d’Est en Ouest à la recherche de celui que l’on présumait mort, Kate Walker retrouve enfin Hans Voralberg et lui fait signer les papiers de rachat de la fabrique d’automates Voralberg.

Mission accomplie ? C’est ce que tous croyaient. Tous sauf Kate Walker. La jeune avocate, toujours aussi déterminée, décide de plonger tête première dans l’aventure qui se présente aujourd’hui à elle.

À la découverte d’un univers oublié abritant les derniers mammouths de la terre, Kate et Hans poursuivront leur voyage au travers d’environnements hostiles guidés par le désir obstiné de mener à bien cette aventure.

Au loin, se dresse la mythique Syberia…

  • Une histoire captivante et originale
  • Des personnages riches et intrigants
  • Des environnements fabuleux
  • Des énigmes passionnantes[1]

J’ai terminé Syberia II hier avec une amie. On se voit environ une fois par mois et cela faisait déjà plusieurs mois que l’on était dessus. Arrivés aux deux tiers environ de l’aventure (au village Youkol caché sous la glace), on s’est trouvé face à un pic de difficulté : on ne savait pas comment ouvrir l’accès à la chambre de la chamane pour y retrouver Hans. Aucune piste. On tournait en rond. C’était en mars. On menaçait d’y passer l’après-midi et mon amie a souhaité consulter une soluce sur internet.

Moi j’y étais a priori très défavorable… Mais j’ai accepté, parce que je comprends aussi que quand on a une seule après-midi par mois pour avancer dans un VG, on peut ne pas avoir envie de tourner en rond pendant trois heures, d’autant plus quand l’on n’est pas certain que l’on finira par trouver la solution.

Quand je suis seul, je me laisse beaucoup plus de temps pour chercher. J’accepte de consacrer du temps à l’analyse, à la réflexion par moi-même. J’adopte parfois une approche très méthodique, avec des notes dans un carnet, des schémas, etc.

Mais je trouve que ce mode d’approche est moins évident quand on pratique en coopération. Le type d’enquête minutieuse nécessaire pour venir à bout des aventures en pointer-cliquer telles que Syberia II dans son dernier tiers, est une tâche qui me semble plus simple à entreprendre seul qu’à deux. Peut-être aussi parce que cette amie n’a pas cette implication « scientifique » dans la confrontation aux obstacles dans un VG, et que j’avais envie de partager avec elle ce qu’il était possible de partager, et pas m’engager de façon isolée dans un travail de détective pointilleux, voire laborieux.

Comparé à Gabriel Knight, je trouve Syberia II plus pénible à parcourir du fait du grand nombre d’écrans à traverser pour se rendre d’un point A à un point B. C’est un détail que je n’ai pas mentionné dans ma critique de GKSOTF, mais chaque lieu était composé d’un à deux écrans maximum (à de rares exceptions près) et une carte de la ville permettait de se rendre à n’importe quel endroit depuis n’importe quel autre endroit. C’est très différent dans Syberia II puisqu’il n’y a jamais une carte globale et que donc tous les écrans sont positionnés les uns à la suite des autres. Comme la progression nécessite sans cesse d’alterner entre des écrans très éloignés, on passe une grande partie de notre temps à faire des allers-retours ; à traverser des écrans dont on se fiche, simplement pour rejoindre notre destination. Et ça, c’est quand on connaît à l’avance sa destination ; dans le cas contraire, ce qui arrive souvent, on se retrouve à errer, à prendre un temps fou pour rejoindre l’autre bout de la zone sans savoir si l’on y trouvera quelque chose. Bien sûr il y a un chargement plus ou moins long entre chaque écran – qu’on ressent plus dans cette version console que dans la version PC originale.

Tout cela est très vrai dans la zone du village Youkol, qui a nous a fait jeter l’éponge à mon amie et moi. C’est un vrai labyrinthe, avec des tas d’écrans connectés dans tous les sens, que l’on n’a jamais vraiment réussi à appréhender. Il nous manquait des objets pour fabriquer la fronde servant à péter une stalactite, et c’est la soluce qui nous a débloqués. Après cela, on s’est mis d’accord pour terminer le VG en suivant la soluce. Pour ma part j’avais envie de passer à autre chose assez vite, car je voyais bien que le niveau de difficulté dorénavant n’était pas adapté à l’effort que l’on était tous deux prêts à fournir lors de notre session mensuelle.

À partir de là, pour moi, quelque chose s’est achevé. Le dernier tiers n’a pas revêtu grand intérêt dans ces conditions. Kate et Hans ont rejoint leur destination sans que je m’implique, certes, mais aussi sans que je comprenne ou plutôt partage leur motivation. Il ne s’agit pas je pense que d’avoir eu recours à la soluce. L’automate Oscar, que l’on percevait jusque-là comme un être vivant, donne sa « vie » sans cérémonie et ça fait un peu mal, pour que son corps mécanique serve d’exosquelette à un Hans physiquement affaibli. Kate semble à peine s’en émouvoir, tout comme Hans. À moins que l’on n’ait pas déclenché suffisamment de dialogues ?

Est-ce que trop de temps s’écoulait entre chaque session pour que je garde en tête les enjeux émotionnels de chaque personnage ? Ce dimanche j’aurais été bien incapable de dire ce que Kate cherchait dans tout cela. Le VG se termine avec une jolie séquence cinématique où Hans part à dos de mammouth, sous le regard d’une Kate versant une larme. Que va-t-il advenir de Kate maintenant qu’elle a emmené Hans à bon port ? Que veut-elle exactement ?

Avant le village Youkol, les enjeux me semblaient plus clairs : faire redémarrer le train, soigner Hans, échapper aux bandits, retrouver Hans… Mais une fois à l’intérieur de la cité souterraine, c’est un peu comme si l’histoire s’arrêtait, et que la suite n’était qu’un long épilogue. Mon amie a remarqué que les graphismes du village Youkol avaient un aspect crayonné, comme s’ils n’étaient pas achevés. Pour ma part je ne savais pas bien ce que l’on était censé vouloir accomplir à ce stade.

La découverte à la toute fin de Syberia m’a décontenancé : c’est une terre à l’aspect marécageux, au climat comme tropical alors que l’on se situe sans doute près du Pôle Nord ? On voit très peu de Syberia, le brouillard omniprésent limitant beaucoup la distance de vision.

Par rapport au premier, j’ai apprécié que les sujets de conversation avec les autres personnages s’effacent au fur et à mesure qu’on les épuise.

L’intrigue relative au détective privé lancé à la poursuite de Kate par son employeur à New York ne va nulle part : il finit par renoncer quand le chemin tracé par Kate devient trop difficile à suivre.

Au final je ne sais pas trop quoi penser de Syberia II. Je l’ai probablement pratiqué de manière trop sporadique. Mon renoncement à relever son challenge sur la dernière partie fait que je me sens un peu sorti de l’expérience. Pour autant, je peux témoigner d’une histoire qui ne semble pas savoir où aller ou comment se renouveler, de personnages apparaissant figés depuis la fin du premier Syberia, d’un pic de difficulté assez violent au village Youkol et d’énigmes souvent obscures à base de mécanismes compliqués sans le moindre mode d’emploi.

J’ai toujours apprécié les décors souvent splendides de l’artiste belge Benoît Sokal, ainsi que le ton adulte du récit. Pas que ce soit violent, gore ou que sais-je ; plutôt qu’il met en scène une femme au physique réaliste, nuancé, reconnaissable, dans des environnements riches (comme la petite ville de Romansburg avec son café-théâtre et son monastère gigantesque sur la colline) et dans des enjeux riches psychologiquement. Je regrette pourtant que la fin me laisse trop loin de Kate Walker, sans savoir comment elle se projette maintenant que Hans est arrivé à bon port et qu’il va sûrement mourir parmi les mammouths.

Une seconde partie qui démarre sur les chapeaux de roue avec une aventure riche et des décors magnifiques, mais qui s'achève sur un derniers tiers au goût de bâclé. La mythique Syberia est à peine entrevue et ne fait pas rêver. Les personnages n'évoluent plus et je me demande bien ce qu'il va advenir de Kate alors qu'elle se retrouve toute seule au bout du monde ? La mission qu'elle s'est donnée est certes remplie, mais après ? Hélas je n'ai pas réussi à suivre son cheminement interne jusqu'au bout, à un moment je l'ai perdue... Curieux de découvrir la suite tout de même.
Verdict = dispensable | ok | vaut le coup ! | énormissime

 

Note(s)

  1. ^ Présentation de la quatrième de couverture.

 

Galerie d’images

mécanisme
Le VG nous place fréquemment face à des machines de ce genre avec de nombreux points d’interaction possibles… sans aucune instruction. On est censé cliquer un peu partout, essayer plein de choses, jusqu’à ce que « ça fonctionne », quoi que cela signifie ! Rigolo mais laborieux, concrètement il faut essayer toutes les combinaisons de clics jusqu’à trouver la bonne, sans forcément avoir une idée du résultat attendu.
kate émerveillée
Les cinématiques en images de sytnhèse dessinent une Kate sensible. Ici, on la voit attendrie devant un spectacle de chevaux mécaniques. Elle retrouve un peu son âme d’enfant devant les créations de Hans Voralberg. C’est touchant.
décor bô
Les décors sont magnifiques. Ici à Romansburg, avec le monastère sur la colline en arrière-plan. C’est le début de l’aventure.
conversation
À ce stade on n’a pas encore quitté la civilisation ; on interagit encore avec des humains qui parlent notre langue. La conséquence c’est que l’on entend encore Kate converser et par extension que l’on comprend son état d’esprit. La distance se creuse entre elle et nous à mesure qu’elle a de moins en moins d’occasions de bavarder.
nature sauvage
Les premières séquences dans la nature sauvage m’ont émerveillé d’un point de vue visuel.
chalet au chaud à l'abri
À l’abri au chaud dans un chalet on se sent bien… Dans la nature au milieu de nulle part. Bon okay le feu n’a pas encore été allumé.
fin 01
La fin en Syberia. Kate contemple Hans partir à dos de mammouth, sur une terre brumeuse dont on perçoit très peu…
fin 02
…une nouvelle fois, la cinématique humanise Kate et met en scène son émotion.
aventure sauvage
J’ai beaucoup aimé la partie de l’histoire où l’on est perdu dans la nature enneigée. C’est un passage aux enjeux plus « action / survie » qui change beaucoup par rapport aux explorations précédentes, en majorité « citadines ».
village youkol
Un des nombreux écrans du fameux village Youkol, un calvaire à explorer. Le rendu graphique ne semble pas tout à fait le même que dans les autres environnements ; il apparaît plus figé, comme s’il était resté à l’état de dessin.
graphismes réalistes
De façon générale j’aime beaucoup la représentation graphique du VG. L’héroïne et les décors ont un aspect réaliste, crédible, adulte, que j’aime beaucoup.
sacrifice de oscar
Ça c’est quand on transmet à Oscar une instruction de Hans sans la comprendre nous-mêmes. Oscar nous fait alors ses adieux. C’est assez triste. Ça l’est encore plus de constater le peu d’égards des deux protagonistes vis-à-vis d’Oscar, qui, malgré son statut d’automate, apparaissait bel et bien comme un être vivant doté d’une personnalité.

 

Commentaires

1. Le lundi 15 avril 2024, 20:13 par Tichat

Oscar nous a suffisamment cassé les pieds avec le sel et l'humidité, tout ça pour finir démonté comme une vieille guimbarde!
On n'allait pas en plus pleurer sur lui (il craint l'eau de toute façon)
Bisous,
Signée: l'amie qui regarde les soluces sur internet

2. Le lundi 15 avril 2024, 20:14 par Tichat

Super critique !
Prochain épisode : ce que veut Kate :p

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