The Awesome Adventures of Captain Spirit (PS4)

Développé par : DONTNOD (France)

Sorti à l’origine en : juin 2018 (Europe, version PS4)

Comment j’ai pratiqué : Terminé en 2h45, sur PS4 Pro avec la manette Dual Shock 4 équipée de la fixation dorsale de commande. 60 images par secondes. Version 1.03. Textes en Français et voix en Angais avec sous-titres.

Bidouilles diverses : J’ai affecté la gâchette R2 (pour courir) sur la palette droite de la fixation dorsale, pour plus de confort.

Vous avez déjà rêvé d’être un super-héros ? Faites la connaissance de Chris, un garçon de 10 ans débordant d’imagination et de créativité qui s’embarque dans des aventures fantastiques sous les traits de son alter-ego, l’extraordinaire Captain Spirit !

Redécouvrez votre enfance avec une expérience narrative qui fait chaud au cœur signée DONTNOD ENTERTAINMENT, créateurs de Life is Strange, le jeu récompensé aux BAFTA.

Captain Spirit est une démo gratuite se déroulant dans l’univers de Life is Strange et liée à l’histoire et aux personnages inédits de Life is Strange 2.

Caractéristiques principales :

  • Une expérience narrative inédite se déroulant dans l’univers de Life is Strange.
  • Incarnez Chris et son alter-ego, le super-héros Captain Spirit.
  • Menez à bien une série de missions pour Captain Spirit et découvrez des contenus secrets.
  • Certains de vos choix et actions auront un lien avec Life is Strange 2.[1]

J’ai retrouvé avec grand plaisir la proposition interactive de Life is Strange (que j’avais adoré) ainsi que la sensibilité de son écriture. On suit un samedi matin dans la vie de Chris, un jeune garçon vivant dans un trou paumé de l’Oregon. Il a tout un univers cérébral dans lequel il est un super-héros de son invention, Captain Spirit. L’histoire consiste à le découvrir lui ainsi que son environnement ; sa maison, son père, ses voisins, sa cabane dans un arbre, ses traumatismes et ses enjeux internes.

J’ai trouvé cela passionnant et très prenant. Il y a une tension omniprésente par rapport à la violence du père (alcoolique depuis la mort de son épouse, la mère de Chris), dont on ne sait trop quand la prochaine torgnole nous tombera dessus. Les coups passés sont euphémisés par les deux protagonistes. Mais cette dimension sombre de l’histoire est nuancée par beaucoup de choses : l’imagination et la jovialité de Chris, les bons côtés du père dont la facette « Jekyll » semble sincèrement aimante, les traces et les souvenirs de la mère, une artiste talentueuse[2].

Petit à petit, on comprend que les jeux de Chris, ses délires super-héroïques, sont des façons d’extérioriser le traumatisme de la perte de sa maman. Elle est morte écrasée par un chauffard anonyme à l’angle des rues Mantle et Asteroïd ; le grand méchant dans l’univers fantasmé de Chris se prénomme Mantroïd…

La violence du père représente tout de même une réelle menace, et tout l’enjeu pour moi était de sortir de cette situation. Cette histoire devait se terminer soit par un drame, soit par un sauvetage de la part des grand-parents (qui écrivent des lettres où ils proposent leur aide à Charles le père) ou de la part des voisins (Mme Reynolds nous rend visite et nous promet de revenir avec son mari pour interroger le père de Chris à propos d’une chute). À tout le moins, que l’on ait une sorte de confrontation Chris versus son père où Chris lui dit ses quatre vérités et on avance.

Hélas, TAAOCS se révèle vraiment n’être qu’une mise en bouche pour Life is Strange 2 et conclue son histoire non pas sur un dénouement majeur des enjeux narratifs de Chris, mais simplement sur l’apparition des deux frères protagonistes de LIS2, qui sauvent Chris d’une chute relativement aléatoire en usant de réels pouvoirs télékinésiques (là où Chris les simule).

Ce qui commençait comme une œuvre touchante et puissante se transforme en un simple produit d’appel assez peu autonome. Il faudra payer pour pratiquer la suite, merci bonsoir.

Ceci étant, j’accroche toujours à ce mélange d’invitation à partager en profondeur la vie d’un personnage via une multitude d’interactions avec son environnement, et d’objectifs simples mais bien présents et structurants (aller à table, compléter son costume de Captain Spirit, réveiller le père, accueillir la voisine en choisissant les réponses selon que l’on veut révéler ou cacher l’alcoolémie de Charles). La maison de Chris est chargée de vie et d’histoire ; les chansons de la bande-son sont pleines de mélancolie.

J’aime bien aussi la direction artistique des personnages ; les graphistes ont opté pour un rendu simplifié mais très expressif, un peu comme le Walking Dead de TELLTALE par exemple.

TAAOCS permet de faire la connaissance du jeune Chris, un personnage qui apparemment aura son importance dans Life is Strange 2. Sa vie et ses difficultés sont fort bien dessinées et intéressantes, mais le VG nous refuse tout dénouement significatif ; on doit se contenter d'un écriteau « à suivre » et payer pour l'épisode suivant.
Verdict = dispensable | ok | vaut le coup ! | énormissime

 

Note(s)

  1. ^ Présentation du Playstation Store.
  2. ^ Qui a étudié à l’université Blackwell d’Arcadia Bay, la ville du premier Life is Strange.

 

Galerie d’images

01a
Le menu principal…
01b
…un petit village enneigé de l’Oregon…
01c
…un petit garçon solitaire dans sa chambre éclairée par le soleil du matin.
02
Chris a une bonne bouille.
03
Comme dans LIFE IS STRANGE, une partie de l’expérience consiste à accepter les (nombreuses) propositions d’examen des « choses » qui constituent l’environnement du héros. C’est une sorte de méditation du personnage, comme s’il répondait à une voix invisible lui demandait : « que peux-tu me raconter à propos de cette figurine, que t’évoque-t-elle ? »
04
On dispose d’une liste d’objectifs. Cependant, ils sont facultatifs, on termine l’aventure en allant réveiller le père dans son fauteuil pour qu’il nous emmène acheter un sapin (ce qu’il ne fera pas, trop occupé à cuver son litron). J’ai bloqué sur le déverrouillage du téléphone, je n’ai pas trouvé le code PIN malgré de multiples tentatives (dates significatives, prénoms…).
05
Chris est victime de violences physiques de la part de son père, que les deux n’assument pas.
06
J’ai trouvé les décors magnifiques et en plus ça tourne à 60 ips. Je me croyais vraiment au cœur de l’hiver dans ce coin perdu de l’Oregon.
07a
Lorsque la petite flèche brille (là où c’est écrit « vaisselle »)…
07b
…en maintenant L2, on transforme l’interaction normale en action de super-héros ; ici « méga-lavage ». Chris a tout un monde dans sa tête.
08
Comme dans LIFE IS STRANGE, on a la possibilité de lancer une chanson sur un appareil, et alors le héros se pose pour l’écouter. La caméra alterne plusieurs cadrages pour nous faire partager l’environnement du personnage. Ce sont des séquences contemplatives, méditatives que j’aime toujours beaucoup (d’autant que je trouve les morceaux chouettes).
09
Chris a un « trésor » planqué dans le jardin, qui est en quelque sorte un autel à la mémoire de sa défunte mère.
10
Chris se fait quantité de films, en permanence. Il faut bien ça pour échapper à son quotidien morose, entre deuil et père alcoolique.
11
L’épisode se termine sur une chute de Chris qui, au lieu de marquer un aboutissement dramatique, résulte en un sauvetage in extremis par les deux héros de LIFE IS STRANGE 2. C’est arrivé comme un cheveu dans la soupe…
12
Chose rare, la traductrice est créditée au générique. Mais pourquoi diable une production française n’est-elle pas écrite à l’origine dans notre langue ?

 

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