Night in the Woods (PS5)

Développé par : INFINITE FALL (Pennsylvanie)

Sorti à l’origine en : février 2017 (Europe, version PC)

Comment j’ai pratiqué : Terminé en 11h45 sur PS5 avec la manette Dual Sense Edge. 60 images par secondes. Version 1.001. Textes en Anglais, aucune voix.

Bidouilles diverses : J’ai affecté les boutons carré et croix sur les palettes droite et gauche de la Dual Sense Edge, respectivement pour faire avancer les dialogues et sauter. Bien meilleure ergonomie pour ces deux actions énormément répétées au cours de l’aventure. J’ai aussi fait en sorte dans les options de ne pas entendre le petit son joué à chaque nouvelle bulle de dialogue, car je le trouvais pénible à force, d’autant qu’il parasitait de très belles musiques.

Mae Borowski a quitté l’université et elle revient chez elle, dans l’ancienne ville minière de Possum Springs, pour reprendre sa vie d’errance et retrouver les amis qu’elle y a laissés. Mais les choses ont changé. La ville n’est plus la même et ses amis ont grandi et changé. Les feuilles mortes tombent et le vent se fait de plus en plus froid. D’étranges phénomènes se produisent à la tombée de la nuit.

Et il y a quelque chose dans les bois.

Rejoignez Mae en vous aventurant dans sa ville natale et en explorant le côté sombre des choses.

NIGHT IN THE WOODS est un jeu d’aventure basé sur l’exploration, l’histoire et un personnage, avec des douzaines d’autres personnages à rencontrer et plein de choses à faire, dans un monde riche et vivant. Détruisez des objets, jouez de la basse, traînez en ville, marchez sur les lignes électriques, sautez sur les toits et découvrez des choses étranges et terribles, que vous n’aviez jamais souhaitées. Revenez chez vous et gâchez votre vie à Possum Springs.[1]

Comment en suis-je venu à pratiquer Night in the Woods, ou disons NITW ? Je me rappelle qu’une critique dans le magazine JV l’avait un peu descendu, mais que par la suite j’avais lu plus de choses positives, de telle sorte que j’ai eu envie de le faire. Il se trouve que j’avais NITW dans ma collection Epic car il avait été offert par le passé (Epic offre un VG chaque semaine en version numérique, à garder indéfiniment).

Finalement, la version PS5 était dispo dans la collection du Playstation Plus Extra auquel j’avais adhéré pour un mois à la mi-octobre, et j’ai choisi de le parcourir sur ce support car je préfère les consoles au PC (toujours des problèmes sur PC, je suis amoureux de la simplicité des consoles).

Il se trouve que mon abonnement PS Plus Extra s’est terminé le 17 novembre vers 16h30, alors qu’il me restait deux ou trois heures pour terminer l’histoire. J’étais conquis par le VG donc je n’ai pas eu beaucoup de scrupules à l’acheter pour vingt euros dans sa version PS5, ça soutient les développeurs.

Une chose m’intriguait avec NITW ; d’un côté je voyais des captures d’écran avec des animaux, et d’un autre côté le synopsis faisait référence à des personnages humains avec des problématiques très humaines (université, amis)… Comment les deux pouvaient-ils bien s’accorder ?

La vérité c’est que je suis toujours assez stupéfait du résultat. On parle d’animaux anthropomorphes mais dont les expressions faciales sont assez figées ; Mae, l’héroïne (diminutif de Margaret), a vraiment une tête de chatte et des expressions faciales de chat, donc par exemple elle ne sourit pas. C’est très différent de l’approche Disney où les visages ont des traits d’animaux mais des expressions humaines. Par contre, comme chez Disney, les personnages parlent le langage humain ; et dans NITW, les dialogues sont très nombreux et constituent une très grande part de l’expérience narrative. C’était difficile pour moi de l’imaginer en observant les captures d’écran, mais oui, Mae et ses amis ne cessent de bavarder, de se charrier, d’échanger… La parole a une très grande place dans l’histoire, les dialogues m’ont parfois fait beaucoup rire car la bande d’amis manie le sarcasme comme personne.

Bon mais qu’est-ce que j’en ai pensé de ce Night in the Woods ? J’ai beaucoup accroché au design graphique, qui m’a charmé par l’expressivité des personnages, la beauté des décors et la mélancolie qu’il infuse. La bande originale est formidable et m’a captivé, m’a enchanté très vite. Elle aussi diffuse une très belle mélancolie. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre Mae dans son retour à sa petite ville natale de Possum Springs, dans ses retrouvailles avec les gens qu’elle aime et les gens qu’elle aime moins, dans sa reconnexion avec un environnement qui évolué sans elle et qu’elle doit réapprendre. J’ai été touché par la situation de cette ville et de ces personnages principaux qui sont en quelque sorte des laissés-pour-compte du capitalisme ; capitalisme qui soit les empêche de réaliser leur rêve (Bea n’a pas les moyens d’étudier pour le métier auquel elle aspire), soit les condamne à la décrépitude (la ville dont les boutiques et lieux de sociabilité ferment les uns après les autres), soit encore les torture au quotidien dans une angoisse du lendemain (les parents de Mae, endettés, pourraient perdre leur maison).

À côté de ça, Mae est une véritable tornade ; elle « irradie » la vie. Par le verbe bien sûr : elle ne cesse de s’exprimer, de faire des vannes, de renvoyer la balle, de se raconter, aussi, de faire parler ses amis… Et par son exploration de Possum Springs : avec nous à la manette, elle escalade (en bonne minette !) les murs, les fenêtres, les toits, elle se faufile dans les petits passages… Elle rencontre beaucoup de personnages, elle en fait se rencontrer également (deux musiciens « cachés » peuvent être réunis). On ne cesse de la faire bondir dans tous les sens parce qu’il y un système original de « grand saut » qui nécessite d’enchaîner trois sauts successivement pour que le dernier nous propulse à des hauteurs inhabituelles. Ce « grand saut » est nécessaire pour atteindre les toits de la ville, mais même au-delà de ça, il devient un espèce de petit challenge permanent qui dynamise les déplacements. J’étais tout le temps en train de vouloir « rentrer » un grand saut, même quand je trottinais sur le trottoir, parce que ce n’est pas simple et donc gratifiant quand on y arrive, parce que ça accélère un peu le mouvement, sinon rébarbatif.

En effet on effectue beaucoup d’allers-retours dans la ville. NITW est divisé en une dizaine de journées, qui consistent à peu près toutes à aller voir ses amis et explorer la ville à la recherche de subtiles nouveautés (nouvelles ouvertures, nouveaux personnages apparus) par rapport à la veille. De ce point de vue, l’expérience est un peu répétitive.

Je n’ai pas été convaincu par la fin du VG. Même si l’aspect social constitue 70% de l’histoire, il y a tout de même un mystère qui point : Mae assiste à un enlèvement, les amis découvrent un bras coupé, par terre, dans la rue ; Mae fait chaque nuit un rêve un peu étrange où elle rencontre des créatures. Cette histoire reste relativement en arrière-plan jusqu’au moment où les personnages découvrent le pot-aux-roses : un culte secret au sein de Possom Springs enlève régulièrement un habitant pour le jeter dans un trou au fond d’une mine et ainsi nourrir une entité cosmique mystérieuse qui aurait une influence sur la prospérité de la ville. Oui, on bascule tout d’un coup en plein Lovecraft ! Nos héros s’enfuient, font exploser l’entrée de la mine et ainsi se conclue l’histoire du culte secret ainsi que l’histoire de NITW.

Hum… J’ai trouvé cela assez déconcertant. D’abord ça m’a semblé trop rapide et facile. Quelles conséquences ? Mae sera-t-elle toujours appelée par l’entité cosmique via ses rêves ? L’intégralité du culte a-t-elle péri sous les décombres ? Qu’adviendra-t-il de l’entité et de la ville maintenant que l’entité n’est plus nourrie ?

Et puis… Je n’étais pas super d’accord pour arrêter de suivre les personnages juste parce que la sous-intrigue de l’enlèvement était résolue. Ce qui m’a accroché à l’intrigue ce sont les enjeux affectifs, les enjeux de vie de Mae. Quid de sa relation avec sa meilleure amie Bea, conflictuelle notamment parce que Mae a abandonné les études dont Bea rêvait et que sa situation économique lui interdit ? Quid des parents de Mae et de leur maison ? Que va-t-il advenir de Mae dans cette société capitaliste au sein de laquelle elle n’a encore trouvé aucun moyen pour subvenir elle-même à ses besoins ? Est-ce qu’elle va quitter Possum Springs ou est-ce qu’elle va y rester ?

Voilà, je trouve que le scénario donne soudainement beaucoup de place à un petit mystère lovacraftien qui n’a jamais été son attrait principal, et se permet de tout remballer dès que cette sous-intrigue est résolue (et encore, comme je l’ai dit, pas totalement). Le récit global de NITW m’a donc laissé sur ma faim.

Je retiens vraiment de NITW ses dialogues enlevés, tellement vivants et tellement drôles, qui rendent passionnantes les interactions de Mae avec tous les gens auxquels elle s’adresse, proches ou moins proches ; sa musique sublime que j’ai achetée par ailleurs pour continuer de l’écouter ; son design à tomber par terre (en tout cas en ce qui me concerne) ; sa petite ville dont j’ai exploré et réexploré tous les toits et façades.

Une œuvre unique en son genre, qui m'a à la fois beaucoup touché et à la fois frustré par sa fin un peu abrupte qui ne résout pas franchement les enjeux « humains » du récit (au profit de la clôture d'une intrigue secondaire vaguement lovecraftienne). Visuellement et musicalement hors normes, Night in the Woods met en scène des dialogues (en Anglais non traduit hélas) incroyablement vivants au sein de la réalité socio-économique difficile d'une petite ville de la Rust Belt[2] en plein déclin.
Verdict = dispensable | ok | vaut le coup ! | énormissime

 

Note(s)

  1. ^ Présentation du Playstation Store.
  2. ^ Article du Monde sur la Rust Belt dans le cadre de la présidentielle 2024 : ici

 

Galerie d’images

01
« Les entreprises de cabines téléphoniques doivent être bien contentes qu’il n’y ait aucun réseau à Possum Springs »
02
« Ça ne fait pas si longtemps que j’ai quitté le lycée, tu sais »
03
Le groupe joue une chanson : il faut appuyer sur la touche indiquée lorsqu’elle traverse la ligne en bas (elles tombent du haut de l’écran).
04
05
« Et j’ai ordonné que l’on passe votre maison au bulldozer »
06
07
08
« Boire de la bière doit être un de ces hobbys nuls d’adulte »
09
« On est arrivé. Fiche le camp de ma voiture. »
10
« Ça semble tellement triste et vide quand nous ne sommes pas là en train de jouer »
11
« Vous ne pouvez pas emporter le mari d’une femme juste parce qu’il est mort ! »
12
13
14
« Il y a longtemps, je pensais qu’à 20 ans je n’arriverais plus à grimper aussi haut »
15
16
« Et je médite sur comment je suis nul à chier »
17
Cette icône apparaît au-dessus de la tête d’un personnage quand on peut lancer avec lui une conversation.
18
À la fois drôles et mignonnes, les séquences de chapardage : ici pour un bretzel.
19
« Mes bébés ont tous le ventre plein, Maman n’a pas besoin de voler [de bretzel] aujourd’hui » (Mae nourrit des petits rats dans un grenier accessible sur les toits de la ville)
20
Soirée Halloween donc déguisement.
21
« Un mineur fantôme ! Décédé dans d’étranges circonstances ! »
22
« Je pourrais me faire à la vie de paysan »
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Commentaires

1. Le samedi 7 décembre 2024, 16:37 par Marie-Thérèse

Chaque image ressemble à une œuvre d’art et qu’elle mignonnerie ces petits personnages !
Merci pour les sous-titres, ce « vaut le coup » m’a bien fait envie en lisant ta belle critique !

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