Dracula : Résurrection (PC)
Par Pierre Compignie le lundi 24 mars 2025, 19:30 - Critiques toute neuves
Développé par : INDEX (France)
Sorti à l’origine en : octobre 1999 (Europe, version PC)
Comment j’ai pratiqué : Terminé en 3h45 sur PC Windows 7 avec la souris. Version GOG à jour (à date). Textes et voix en Français, sans sous-titres (inexistants).
Bidouilles diverses : Aucune.
Reprenant les personnages du roman haletant de Bram Stoker, Dracula: The Resurrection prend place sept ans après que Jonathan Harker ait courageusement arraché sa fiancée Mina des griffes de Dracula. Maintenant marié et confortablement installé à Londres, Jonathan pense que le cauchemar est terminé, jusqu’au jour où il découvre en rentrant chez lui une lettre de sa femme, mordue par le seigneur des vampires la nuit de sa mort. Incapable de résister plus longtemps à sa soif de sang, celle-ci est en route pour la Transylvanie. Prêt à tout pour ramener Mina à Londres, Jonathan se lance dans une nouvelle quête qui va l’emmener dans une auberge, des grottes, un système ferroviaire et jusqu’au château de Dracula.[1]
J’ai parcouru ce vidéogiciel alors même qu’en théorie, je suis en ce moment sur Operation Flashpoint : Dragon Rising. Mais la vérité c’est que ce dernier, une simulation militaire sans personnages et au challenge interactif mal défini, me décourage ; je ne l’ai pas abandonné, je veux encore insister (j’y ai passé un peu moins d’une heure) mais ça m’est difficile. Aussi, comme Dracula 3 fait partie de ma liste de vidéogiciels à terminer en priorité (car a priori peu compatible avec les systèmes d’exploitation postérieurs à Windows 7 et parce que je doute que ma machine tienne encore des années), j’ai eu envie de lancer le premier volet de la série, qui me vendait du rêve avec son univers gothique et son ambiance d’épouvante… Pour me faire plaisir, pour respirer !
Et bon j’ai super accroché et l’ai terminé dans la même journée ! Alors certes il est court, mais ça dit quelque chose sur la façon dont il a fonctionné sur moi.
Pour vous situer l’objet, il s’agit d’une aventure en pointer-cliquer comme j’en ai fait plein récemment. Le studio c’est INDEX, ils ont fait aussi Louvre : l’ultime malédiction que j’avais exploré il y a un petit moment. KHEOPS ne reprendra la série que pour Dracula 3, pour la petite info.
Une trentaine de personnes a bossé sur Dracula : Résurrection ; c’est un modèle de projet qui me semble non loin d’être idéal en ce qu’il y a suffisamment de ressources impliquées pour obtenir un résultat ambitieux en terme de production (complexité de la représentation visuelle, cinématiques avec capture de mouvement, doublage intégral…) et de visibilité/marketing, et en même temps pas au point que le VG nécessite que tout le monde l’achète ainsi que sa grand-mère pour dépasser le seuil de rentabilité – ce qui annulerait tout à fait la liberté créative des artistes.
Dracula : Résurrection commence à la fin du roman de Bram Stoker et met en scène en cinématique sa dernière péripétie, avec l’embuscade des gentils qui attaquent le convoi de Dracula et où finalement ce dernier meurt désintégré par la lumière du soleil (je ne sais plus si ce point précis est conforme au roman). Après une ellipse de sept ans, la compagne du héros Jonathan part toute seule pour le château de Dracula en Transylvanie, envoûtée et appelée par Dracula, qui serait mystérieusement réapparu… Jonathan vole à son secours évidemment !
L’histoire m’a semblé particulièrement « action » pour une aventure en pointer-cliquer ; elle se déroule sur une nuit en tout et pour tout, et multiplie les morceaux de bravoure dignes des plus grands héros de la pop culture ; il y a de l’Indiana Jones dans ce jeune victorien qui saute d’un wagonnet en pleine course, attire puis assome un serviteur du Mal avant que celui-ci n’ait le temps de réagir…
L’ambiance est digne d’un film d’épouvante de la Hammer. Tout y est : la brume, les cimetières, le chateau enneigé majestueux, les paysans terrifiés, les souterrains obscurs… Sans compter la bande-son qui distille elle aussi son angoisse !
Je n’ai pas trop eu de difficultés avec les énigmes, mon rythme a été relativement fluide, avec quelques blocages assez vite résolus pour la plupart. Une exception : j’ai triché avant de découvrir par moi-même la seconde interaction dans la pièce secrète de la chambre de Dracula, après avoir ramassé la dague.
J’ai honte et ça m’a gâché la fin de l’aventure, que je ne me sens pas avoir vraiment « méritée », en conséquence… En fait, il s’agissait d’utiliser la dague dans un élément du décor qui avait déjà servi et sur lequel j’avais déjà utilisé un autre objet (l’anneau du serpent qui se mord la queue)… Le pire étant que j’avais bien vu que l’interface me proposait encore d’interagir avec cet élément du décor, mais comme réutiliser l’anneau ne produisait aucun effet, j’en concluais qu’il s’agissait d’un bogue ou d’un oubli de la part des développeurs (oubli de désactiver l’icône d’interaction)…
J’aurais simplement dû essayer les autres objets de mon inventaire, ça m’aurait pris trente secondes et j’aurais progressé tout seul ! Mais non. Des fois j’ai vraiment de gros angles morts intellectuels ; ça et puis aussi que j’étais impatient, en partie parce que c’était une session non prévue, entre deux tentatives de poursuivre Operation Flashpoint : Dragon Rising…
Je me dis toujours que je ferai mieux la prochaine fois, mais pour l’instant je continue de tricher pour des blocages qui n’en seraient pas si je faisais l’effort d’essayer ce qui m’apparaît improbable. Je ne désespère pas :-)
Le VG n’est par contre pas toujours sympa pour ce qui est de la mise en évidence des zones interactives dans le décor. Mes blocages (résolus) ont souvent eu pour origine que j’échoue à détecter un élément interactif qui ressort peu dans la pénombre ou dans du bazar. J’ai bloqué aussi à cause d’un bogue assez bizarre lors de la conversation avec l’aubergiste, que je montre dans la galerie d’images.
J’ai trouvé le déplacement de la souris assez pénible, comme s’il y avait une sorte d’inertie qui ne permettait pas aux plus faibles mouvements de bras d’être pris en compte par le VG. En plus le curseur est lent. Je me suis habitué à ne faire que des mouvements très amples mais c’est resté un peu contraignant, inconfortable.
Heureusement dans l’ensemble l’interface est sympa, avec un gros curseur et des zones interactives suffisamment larges pour éviter la chasse au pixel.
Et à côté de ça, je n’ai que du bon à retenir de cette expérience. L’aventure de Jonathan est prenante, pleine de tension, gentiment angoissante comme on aime, surperbement réalisée tant au niveau des graphismes très immersifs que des cinématiques magnifiques en images de synthèse. Je me suis senti en permanence stimulé intellectuellement par le challenge interactif et j’ai bien apprécié les enchaînements d’énigmes dans le chateau de Dracula, entre la chambre du comte et sa bibliothèque. La sorcière Dorko, prisonnière d’une cellule lugubre est flippante ; les trois sœurs maîtresses de Dracula sont aussi menaçantes que séduisantes.
Ce qui plafonne l’intérêt du VG, pour moi, c’est la durée très courte de son récit et le fait que celui-ci ne se termine pas tout à fait, puisque si Jonathan parvient à récupérer Mina et à fuir le chateau de Dracula, ce dernier part pour Londres avant qu’on arrive et donc la confrontation est repoussée, avec Mina toujours potentiellement à la merci de son influence. Je regrette aussi que le récit ne soit « que » de l’action et pas du tout une enquête ou de la psychologie, d’autant que la résurrection de Dracula apparaît incroyable puisqu’on le voit au tout début littéralement fondre au soleil !
En cela, Dracula : Résurrection rejoint les films de la Hammer qui, passés la première suite, ne s’embarrassaient plus de justifier le sempiternel retour du comte. Un peu dommage !
J'ai passé un super moment avec ce vidéogiciel français de 1999 imaginant une suite au roman de Bram Stoker. Outre sa faible résolution graphique, je trouve que sa réalisation n'a pas pris une ride, grâce à une direction artistique épatante, vivante et expressive. Son récit est certes bref et mineur, et il y a bien quelques problèmes techniques, mais globalement c'est une chouette aventure d'action (oui) entrecoupée de cinématiques spectaculaires – choses rares dans mon expérience pour un point'n'click et que donc je célèbre !
Verdict =dispensable|ok| vaut le coup ! |énormissime
Note(s)
- ^ Présentation du magasin GOG.
Galerie d’images

























Commentaires
J’ai passé un bon moment aussi à lire cette belle critique et à parcourir cette frissonnante galerie!